Note de décryptage : Amazonie, quelle politique commerciale et quelles régulations des multinationales pour s’attaquer aux racines du problème ?

mercredi 4 septembre 2019, par AITEC, Attac France

Face à l’émotion internationale suscitée par les feux de forêts en Amazonie et à l’indifférence de Jair Bolsonaro, Emmanuel Macron a annoncé, à la veille du G7 de Biarritz, que la France ne soutenait plus l’accord de commerce controversé entre l’Union Européenne et le Mercosur. Que penser de ce revirement ? Quelle est sa portée ? Est-ce suffisant ? Que préconiser ? Cette note de décryptage présente 7 recommandations qui dessinent les contours d’une politique commerciale et d’une régulation des multinationales permettant de s’attaquer à certaines racines du problème soulevé par la déforestation et les feux en Amazonie.

Notre appréciation de l’annonce d’Emmanuel Macron

Bolsonaro ou pas, feux de forêts en Amazonie ou pas, l’accord UE-Mercosur est inacceptable. Il prolongerait le processus de libéralisation et de déréglementation des marchés et fonctionnerait en stimulant pour l’agrobusiness aujourd’hui montré du doigt ; il approfondira en outre une globalisation économique qui fait de l’intérêt des multinationales (ouverture des marchés, protection de leurs intérêts) un objectif supérieur à la protection de la planète, aux droits sociaux et droits des populations. Et c’est sans même considérer les atteintes aux libertés, aux droits et à la démocratie et le démantèlement des politiques de protection de l’environnement mené par Jair Bolsonaro (mais aussi par Mauricio Macri en Argentine et Mario Abdo Benitez au Paraguay). Cet accord n’aurait jamais dû être soutenu par Emmanuel Macron et son gouvernement.

Le rejeter purement et simplement ne devrait même pas faire débat en France et en Europe. C’est le message que 340 organisations de la société civile internationale avaient adressé aux décideurs politiques européens en juin 2019.
C’est donc bien tard qu’Emmanuel Macron a retiré son soutien à l’accord UE-Mercosur. En effet l’inaction et les exactions à l’encontre du climat et de la biodiversité de son homologue brésilien Jair Bolsonaro sont connues de tous les observateurs depuis le lendemain de son intronisation. Dès son installation au Palais de l’Aurore, le président a placé l’organisme responsable de veiller sur les territoires indigènes (Funai) sous l’autorité du ministère de l’agroalimentaire, qui représente les intérêts des grands propriétaires terriens. Il a également organisé la suppression de plus de 35 conseils nationaux de participation sociale et désarmé à la fois l’Agence de protection de l’environnement (Ibama) et l’Institut national de recherche spatiale (INPE) qui contrôle la déforestation. Le tout en réduisant les budgets de ces organismes, y compris en matière de prévention et lutte contre les incendies de forêts. La réforme du code forestier assouplit également les conditions d’appropriation légale de terres illégalement accaparées.

Le “Non” d’Emmanuel Macron n’est par ailleurs pas gravé dans le marbre : la secrétaire d’État chargée des Affaires européennes, Amélie de Montchalin, a indiqué que le refus français n’était pas définitif et qu’il pourrait être levé si l’exécutif brésilien changeait de politique.

Comment expliquer cette volte-face ?