L’UE choisit comme conseiller sur l’environnement... BlackRock, investisseur dans le pétrole

Par Hadrien Mathoux
Publié le 13/04/2020 à 17:20

Le gestionnaire d’actifs, qui détient des parts dans les plus grandes compagnies pétrolières et les plus grandes banques du monde, a remporté un appel d’offre organisé par la Commission européenne et rédigera un rapport sur la manière dont la supervision bancaire de l’UE pourrait prendre en compte le climat.
Imaginez que l’on confie à Bernard Arnault une étude sur une répartition moins inégale des richesses, ou que l’on demande au pape François de réfléchir aux moyens de rendre l’IVG plus accessible aux femmes. Étrange, bizarre, incongru ? La Commission européenne vient pourtant de prendre une décision du même tonneau en choisissant BlackRock, l’un des plus grands investisseurs mondiaux dans les entreprises d’énergies fossiles, pour élaborer un rapport sur le thème suivant : comment l’Union européenne pourrait intégrer au mieux les facteurs environnementaux et sociaux dans sa supervision des banques.

Le quotidien britannique The Guardian nous apprend en effet que, non content d’émettre des avis pro-business auprès du gouvernement français sur la réforme des retraites, BlackRock se pique de politique européenne : le gestionnaire d’actifs américain dirigé par Larry Fink, qui a dépensé près d’un million et demi d’euros en lobbying au Parlement européen en 2018, s’est porté candidat auprès de la Commission bruxelloise contre huit autres concurrents, et a remporté la mise : 550.000 euros de fonds européens seront versés à la branche de conseil financier de BlackRock pour la réalisation de l’étude.