Géoingénérie

GÉOINGÉNÉRIE 01 OCTOBRE 2013 | PAR ATTAC FRANCE

par Geneviève Azam, porte-parole d’Attac

Le GIEC a publié le 27 octobre 2013 la première partie de son nouveau rapport, avec un résumé adressé aux gouvernements. Ce premier document, adopté à Stockholm, est consacré à la publication des connaissances scientifiques concernant le changement climatique, les rapports suivants et notamment le troisième étant consacré aux préconisations en vue de l’action des gouvernements. Ce récent rapport ouvre la porte à la géoingénierie, fausse "bonne solution" au changement climatique.

Ce premier document, sur le plan des connaissances scientifiques, s’inscrit dans la continuité de celui de 2007, qu’il confirme et aggrave, les scenarii les plus pessimistes alors envisagés, ayant une plus grande problabilité d’advenir. Le lien entre ces changements et les variations climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, ouragans) est mieux établi et la hausse du niveau des océans devrait être plus importante que celle enviségée en 2007. Enfin, il confirme, avec une probabilité de 95% l’origine anthropique du changement climatique, c’est-à-dire l’impact des activités humaines sur ce changement, en particulier l’usage des énergies fossiles. Il confirme la hausse de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, la barre des 400 parts par millions ayant été franchie en 2012 pour la première fois depuis 3 millions d’années.

En revanche, ce document introduit une rupture concernant la geoingénierie, c’est-à-dire l’action à une grande échelle dans le système climatique pour stopper ou ralentir le réchauffement. Il ne s’agit en rien de science fiction, il existe au moins deux ou trois technologies qui pourraient être rapidement utilisées : la capture du carbone accumulé dans l’atmosphère (Carbon Dioxide Removal (CDR) et l’enveloppement de la terre par des particules de sulfate (Solar radiation management, SRM) qui permettraient le refroidissement de la planète. Alors que ce document n’a pas pour fonction de formuler des prescriptions, le dernier paragraphe1, est consacré à ces deux techniques. D’après le Guardian du 19 septembre2, la Russie, représentée au GIEC par le scientifique Yuri Izrael qui a participé au groupe du GIEC sur la géoingénierie (et par ailleurs longtemps climato-négationniste), a fait pression pour inclure ce paragraphe. Il est bien écrit qu’on ne maîtrise pas les conséquences globales de ces techniques, c’est la moindre des choses, mais la seule évocation de la géoingénierie, comme plan B en quelque sorte, confirme ce que nous craignions et voyons se concrétiser : en dépit du moratoire des Nations unies sur ces technologies, établi lors de la Convention sur la biodiversité en 2010, elles acquièrent progressivement une légitimité, pour le plus grand bonheur des grandes puissances qui peuvent les produire et ensuite les utiliser, et alors qu’aucun accord global sur le climat n’existe à ce jour. Par exemple, le seul envoi de particules pour refroidir telle ou telle partie du monde, aurait des conséquences non maîtrisées sur la radiation solaire, sur la photosynthèse, sur la météo, au-delà des frontières du pays, inaugurant ainsi une possible « guerre du climat », une guerre chaude.

Il est temps que les citoyens s’emparent de la lutte contre le changement climatique. Des solutions qui répondent au défi de la crise climatique existent. Elles s’exprimeront pour la France à Bayonne les 5 et 6 octobre 2013, dans le village des alternatives, Alternatiba.

Il est temps aussi que soient dévoilées les illusions et dangers d’un plan B de sauvetage du climat par la manipulation à grande échelle de la planète et des humains. Nous vous invitons à la conférence-débat "Manipuler le climat, manipuler la vie" le lundi 14 octobre à la Cité des sciences à Paris avec la présence, exceptionnnelle en France, de Clive Hamilton, philosophe australien, spécialiste des questions environnementales, et de Pat Mooney, co-fondateur de l’ONG canadienne ETC Group, spécialiste des enjeux de géoingénierie.