Total : les quatre chiffres qui résument sa toxicité pour les gens et pour la planète

Jeudi 26 septembre 2019, par Attac France, Observatoire des multinationales

Au moment même où se tient le Sommet sur le climat de l’ONU à New York, le groupe pétrolier français Total organisait son « Investors’ Day », une journée d’information dédiée aux marchés financiers. Coïncidence ou provocation ? Le PDG Patrick Pouyanné a profité de cette occasion pour annoncer une nouvelle hausse des dividendes versés par son groupe à l’avenir, alors que Total est déjà le champion toutes catégories dans ce domaine, et continue d’ouvrir de nouveaux gisements de pétrole et de gaz partout dans le monde. Le message est clair : les profits auront toujours la priorité sur la préservation du climat. Quatre chiffres, extraits du rapport : « CAC40 : le véritable bilan annuel », publié par l’Observatoire des multinationales, mettent en évidence le lourd fardeau économique qu’une multinationale comme Total impose à nos sociétés, et sa puissance de destruction environnementale.

10,5 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions en 2018

À l’image de tout le CAC40 qui a encore augmenté de 15% ses dividendes et rachats d’actions en 2018, malgré des bénéfices en baisse, Total cajole les marchés financiers. Le groupe pétrolier est de loin le plus généreux dans ce domaine, avec 10,5 milliards d’euros. Si le CAC a reversé 72% de ses profits de l’année aux actionnaires, Total va encore plus loin, puisque ses dividendes et rachats d’actions pour l’année 2018 dépassent sont résultat net, à 109%. Et ses dirigeants ne comptent pas en rester là, puisque le PDG Patrick Pouyanné a annoncé, lors de l’« investors’ day » organisé ce 24 septembre, une augmentation future des dividendes de 6% par an en moyenne, contre « seulement » 3% au rythme actuel. Un signal que le groupe n’est pas prêt à remettre en cause la suprématie des marchés financiers, pour quelle cause que ce soit.

166 filiales dans des paradis fiscaux et judiciaires

L’impôt sur les sociétés versé par Total en 2018 représente presque exactement la moitié de ses dividendes et rachats d’actions : 5,2 milliards d’euros. Comme ces chiffres ne sont pas rendus publics pays par pays, comme le réclame la société civile, difficile de savoir exactement où sont versés ces impôts, et à combien se monte la contribution fiscale de Total en France. Pendant plusieurs années, Total n’a pas du tout versé d’impôt sur les sociétés dans le pays [1]. Les pays où Total extrait son pétrole sont potentiellement encore plus lésés. Selon le décompte effectué par l’Observatoire des multinationales pour son « véritable bilan annuel », le groupe pétrolier compte 166 filiales dans des paradis fiscaux et judiciaires, comme les Bermudes ou les îles Vierges britanniques, mais aussi les Pays-Bas. Ce dernier pays a en effet une fiscalité très attractive sur les transferts de dividendes. Ce recours au paradis fiscaux est particulièrement important en ce qui concerne les filiales consacrées à l’exploration et à la production, c’est-à-dire à l’extraction de pétrole et de gaz proprement dite. La carte des filiales de Total dédiées à l’exploration-production montre qu’elles sont concentrées en Europe, principalement en France et aux Pays-Bas. Un contraste saisissant avec l’origine réelle de sa production de pétrole et de gaz en 2018, concentrée en Afrique, en Russie et au Moyen-Orient.