En Irlande aussi, le réveil de la gauche anti-austérité fait trembler le pouvoir en place

PAR NICOLAS SALVI 13 MAI 2015

Le parti de gauche anti-austérité Sinn Féin est devenu incontournable depuis les élections européennes. En parallèle, un nouveau mouvement social, Right2Water, issu des luttes contre la taxation de l’eau et la privatisation déguisée de ce bien commun, mobilise massivement. Et formule désormais des propositions pour améliorer le système de santé et d’éducation, pour diminuer le pouvoir de la finance et relancer de véritables politiques économiques d’intérêt général. Après la Grèce avec Syriza et l’Espagne avec Podemos, l’Irlande sera-t-elle le 3ème pays d’Europe où une gauche de transformation et anti-austérité est en mesure d’accéder au pouvoir ?

Depuis la crise financière et immobilière de 2008, le gouvernement irlandais a appliqué tous les remèdes préconisés par ses nouveaux créanciers.
Si officiellement la cure fonctionne, la réalité s’avère moins réjouissante. Le taux de chômage a été ramené à 10 %, mais c’est sans prendre en compte l’émigration massive des jeunes vers des pays comme l’Australie : depuis la crise, près d’un Irlandais sur dix a émigré. La croissance a repris pour atteindre 7,7 % en 2014, mais cette richesse a été essentiellement générée par des grandes entreprises comme Microsoft ou Amazon, accueillies dans de très généreuses conditions fiscales sur le territoire.

La population, de son côté, subit de plein fouet le démantèlement de ses services publics et les expulsions immobilières.
Le prix des logements à Dublin n’a jamais été aussi élevé, et le spectre de l’éclatement d’une bulle immobilière plane de nouveau. Une étude du bureau central des statistiques montre que près d’un quart de la population était soit en situation, soit en risque de pauvreté en 2013, et que 30,5 % des Irlandais vivaient en situation de précarité. Jusqu’à récemment, le gouvernement, composé des libéraux du Fine Gael et du Parti Travailliste, n’a rencontré que peu de résistance. Mais il semblerait, au vu des événements de ces derniers mois, qu’être le bon élève de la Troïka ait un prix.

Tout commence par une histoire d’eau


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