" Face à Israël, la France est hypocrite "

Le Monde 3 juillet 2015

Omar Barghouti, du mouvement BDS, prône le boycottage des entreprises opérant dans les colonies

Omar Barghouti, militant palestinien des droits de l’homme et cofondateur du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), qui lutte contre l’occupation israélienne par des appels au boycottage de compagnies israéliennes et étrangères opérant dans les colonies israéliennes ou dans les territoires occupés, est en train de devenir l’ennemi public numéro 1 de Benyamin Nétanyahou. Le premier ministre israélien vient, en effet, de charger un membre de son cabinet – Gilad Erdan, membre du Likoud au pouvoir – de traiter toutes les questions concernant le mouvement BDS. Son bureau a même été doté de 26 millions de dollars (23,5 millions d’euros). En outre, la nouvelle ministre de la justice, Ayelet Shaked, du parti d’ultra-droite Habayit Hayehoudi (Le Foyer juif), a annoncé qu’elle allait renforcer son service international chargé de s’occuper de BDS.
A la lumière de ces événements, j’ai écrit à Omar Barghouti afin de solliciter une interview pour le quotidien israélien Haaretz, avec lequel je collabore régulièrement. Il m’a répondu avec cordialité en disant qu’il serait heureux de m’accorder un entretien, le premier avec un journaliste juif israélien, mais pas pour Haaretz. Lors de notre rencontre, j’ai demandé à Barghouti pourquoi il préférait que l’interview paraisse dans Le Monde." Je n’ai pas de problème avec les journalistes israéliens en tant que tels, me répondit-il, mais avec les médias israéliens. J’ai toujours refusé d’accorder des interviews à des médias israéliens parce qu’ils sont prisonniers du discours hégémonique de l’establishment sioniste. Ils se comportent comme des outils de propagande. Bien évidemment, il se trouve parmi eux de bons journalistes professionnels. "
En préambule, je lui ai demandé quelles étaient ses revendications. Sa réponse fut succincte : " Nous avons trois exigences fondées sur le droit international : la fin de l’occupation israélienne de 1967, ce qui inclut le démantèlement des colonies de Cisjordanie et la destruction du mur ; la fin du système israélien de discrimination juridique à l’égard des citoyens palestiniens d’Israël, système qui correspond aux critères de l’apartheid tels que définis par l’ONU ; et l’autorisation pour les réfugiés palestiniens, chassés de force en 1948 et en 1967, de regagner leur domicile ou leur région d’origine, dans le cadre des résolutions de l’ONU sur ce point. "

Avec le retour des réfugiés, les Juifs deviendraient minoritaires. Quel serait leur avenir ?
Dans quels pays les communautés juives sont-elles les plus prospères ? Aux Etats-Unis et en Europe occidentale, où elles ne représentent qu’une toute petite minorité. C’est dans les Etats démocratiques qui séparent l’Eglise de l’Etat, et où la loi garantit les libertés et l’égalité, que les communautés juives connaissent la plus grande sécurité et la plus grande prospérité.

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