« Tel-Aviv sur Seine » : une grille d’analyse périmée

LE MONDE | 12.08.2015 à 06h53 • Mis à jour le 12.08.2015 à 09h12 | Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

Un an après la controverse suscitée par l’interdiction de certaines manifestations de solidarité avec la bande de Gaza, la société française se crispe une nouvelle fois sur la question israélo-palestinienne. L’objet de la polémique est la journée « Tel-Aviv sur Seine » organisée jeudi 13 août par la Mairie de Paris, qui consiste à récréer sur les berges de la capitale l’ambiance hédoniste de la cité balnéaire israélienne.

Les défenseurs de cette opération vantent une simple fête, permettant de bâtir des ponts avec une ville progressiste, opposée à la politique du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Ses opposants dénoncent une manœuvre de communication, susceptible de redorer l’image de l’Etat juif et de l’aider à perpétuer l’occupation des territoires palestiniens.
Au cœur de cet affrontement, il y a ce que l’on pourrait appeler la culture d’Oslo. Les initiateurs de « Tel-Aviv sur Seine », n’en déplaise à certains pro-palestiniens ultra, ne sont pas des sous-marins de la droite israélienne. Les membres du PS raisonnent simplement, comme la plupart de leurs collègues de droite et de gauche, avec la grille d’analyse du processus d’Oslo, ce mécanisme de règlement du conflit forgé au début des années 1990 par Yasser Arafat, Itzhak Rabin et l’administration américaine de Bill Clinton.
Un paradigme qui présuppose que les torts sont également partagés, que les deux parties sont animées de bonne volonté, et qu’en les réunissant donc autour d’une même table, la paix finira par émerger sous la forme de deux Etats pour deux peuples. A ce titre, tout projet visant à créer du lien, notamment par la culture, est bon à prendre. Toute main tendue est bonne à promouvoir, voire à survaloriser. Un travers auquel cède Anne Hidalgo, la maire de Paris, lorsqu’elle vante dans sa tribune publiée mardi 11 août dans Le Monde « les manifestations de solidarité impressionnantes » avec la famille du petit Palestinien brûlé vif par des extrémistes juifs, qui se seraient déroulées à Tel-Aviv. Ceux qui y étaient, comme l’écrivain israélien Etgar Keret, ont été effarés de voir la place Ithzak-Rabin « à moitié vide ».

Rupture générationnelle


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