Une chercheuse palestinienne répond à l’ambassadeur d’Israël

FoulExpress, dimanche 8 novembre 2015

Samar Batrawi est chercheuse à l’université King’s College de Londres. Récemment, elle a produit des articles ayant trait notamment aux mouvements et groupes violents opérant en Syrie et en Irak. Intéressée par ses recherches sur l’Etat Islamique, l’ambassade d’Israël à Londres l’a invitée cette semaine pour une « discussion ». Voici sa réponse.

« J’aimerais dire sans équivoque et de la manière la plus claire que je rejette toute association ou coopération avec l’ambassade d’Israël à Londres, pour deux raisons.

D’abord, je suis la petite fille de Mahmoud et Fatima Batrawi, aujourd’hui décédés, deux Palestiniens d’Isdud, qui ont été déplacés de force quand l’état que vous représentez a été créé. Ils sont tous les deux enterrés dans un cimetière en Cisjordanie, surplombé par les colonies illégales de Psagot, cautionnées par le gouvernement de l’état que vous représentez. Ma famille est l’une des nombreuses familles palestiniennes qui ont survécu envers et contre tout, en continuant à contribuer à la société dans laquelle ils vivent. Ils sont médecins, enseignants, avocats, journalistes, écrivains ou universitaires. C’est grâce à ces êtres humains exceptionnels que j’ai pu résister, moi une Palestinienne ayant vécu la brutale occupation de la Cisjordanie pendant la seconde Intifada.

Vous êtes, comme l’une de vos compatriotes les plus conscientes a pu le dire, « leurs occupants, leurs bourreaux, leurs geôliers, leurs voleurs de terre et d’eau, ceux qui les exilent, qui détruisent leurs maisons, ceux qui bloquent leur horizon ». C’est sous l’occupation de l’état d’Israël que mon père est forcé de vivre, chaque jour. C’est le siège de Gaza par Israël que la moitié de ma famille a enduré pendant trop longtemps. C’est la gouvernance criminelle d’Israël qui a séparé ma famille en deux pendant plus d’une dizaine d’années. C’est « le droit à la défense » d’Israël qui perturbe mon sommeil chaque nuit, quand je redoute de me réveiller en apprenant la triste nouvelle d’avoir perdu mes êtres chers, « dommages collatéraux » dans l’une de vos opérations soigneusement orchestrées. C’est l’odeur des gaz lancés par les « forces de défense » israéliennes que je sens dans mes cauchemars, un souvenir d’enfance partagé par plusieurs générations de Palestiniens.

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