« La lâcheté de la France face à la crise migratoire est inqualifiable »

Par : Cécile Barbière | EurActiv.fr 10 mars 2016 09:17:24 HNEC (mis à jour : 15 mars 2016 09:47:47 HNEC)

Le gouvernement français a abandonné son partenaire allemand sur le dossier des réfugiés, provoquant une faillite de la réponse européenne, selon le coprésident du groupe des Verts au Parlement européen, Philippe Lamberts.

Philippe Lamberts est eurodéputé écologiste belge. Il est également coprésident du groupe des Verts/ALE au Parlement européen.

Le Sommet UE/Turquie visant à organiser les flux de réfugiés entre Ankara et l’UE a abouti à des propositions très largement critiquées, notamment au Parlement. Quel regard portez-vous sur l’attitude des gouvernements européens lors de ces négociations ?

Tout d’abord, ce qui est sur la table est illégal. Le principe consistant à dire que l’Europe accueillera un réfugié par voie légale par réfugié refoulé en Grèce est à la fois illégal et immoral. Cela veut dire qu’un maximum de réfugiés devrait tenter de quitter illégalement la Turquie pour donner la chance à un maximum de réfugiés d’accéder à l’UE.

Ce qui tiendrait la route, c’est d’avoir un accord pour un programme de réinstallation de demandeurs d’asile depuis la Turquie vers l’Europe, sans passer par les cases dangereuses de la mer Égée et de la route des Balkans.

>>Lire : Echec des négociations pour le sommet UE-Turquie

Mais on ne peut pas limiter ce type d’accord aux réfugiés syriens, il y a d’autres zones de guerre comme l’Afghanistan, le Yémen, l’Irak, la Libye et des pays où l’on persécute joyeusement, je pense notamment à l’Érythrée.

Est- ce la Turquie qui pose problème ?

On ne peut pas limiter nos discussions avec les pays tiers à La Turquie. Proportionnellement, le Liban et la Jordanie accueillent beaucoup plus de réfugiés ! Je me fais énormément de souci sur la stabilité politique de ces deux pays, en particulier du Liban, qui accueille l’équivalent de 25 % de sa population en réfugiés. C’est un pays qui a besoin d’aide si l’on ne veut pas qu’il bascule dans le conflit syrien, et l’Europe a une responsabilité énorme.

Ce qui est évidemment choquant c’est que ces négociations se sont déroulées au moment où les derniers vestiges de presse libre et indépendante en Turquie se sont faits brutalement mettre sous contrôle par le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.

On ne peut quand même pas fermer les yeux sur ce pays qui est candidat à l’UE et qui met au pas la justice, la police, asservies au bon vouloir d’un seul homme qui ressemble de plus en plus à Vladimir Poutine.

>>Lire : Les pays des Balkans ferment leurs frontières

On a affaire à un régime autoritaire qui n’hésite pas à lancer une guerre civile pour gagner une élection. Car la relance de la guerre civile contre le PKK a été décidée par Erdogan pour favoriser ses chances d’une union sacrée et obtenir une majorité absolue à la chambre des députés.

Pensez-vous que les gouvernements européens ne devraient pas négocier avec la Turquie ?


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