Crise européenne : un retour vers le futur est-il vraiment indispensable ?

Benjamin Coriat, Thomas Coutrot (membres des Économistes atterrés

Crise européenne : un retour vers le futur est-il vraiment indispensable ?

Ainsi la cause serait entendue. L’échec de l’euro et sa probable dislocation dans les années qui viennent ne laisseraient plus aux progressistes européens qu’une option : anticiper la venue de la crise et dès à présent revenir sur le terrain de la nation, là où la communauté politique et la souveraineté démocratique ont conservé un sens. Cette analyse gagne du terrain à gauche de la gauche, comme en témoigne l’interview croisée de Frédéric Lordon et Emmanuel Todd dans « Marianne ».

Pour Lordon et Todd, l’euro et la BCE sont devenus de purs et simples outils de la domination de l’Allemagne sur l’Europe. Étouffés par une politique monétaire obsessionnelle de stabilité, menacés d’une crise sociale et politique catastrophique, la France et les autres pays du Sud européen n’auraient plus d’autre choix que faire défection le plus vite possible pour retrouver des marges de manoeuvre économiques et politiques. Et au bout du compte, ainsi sauver la démocratie.

Cette grille de lecture repose, pensons nous, sur une vision partielle et donc fausse de ce qui s’est joué dans la construction européenne depuis 1945.

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