Arrestation de Ahed Tamimi, son père témoigne

AFPS vendredi 22 décembre 2017

Mardi à 3 h du matin, les forces israéliennes ont fait irruption chez moi et ont arrêté ma fille. Ils ont tiré Ahed du lit, l’ont menottée et l’ont mise à l’arrière de leur jeep militaire. Elle est âgée de 16 ans.
Le matin suivant, ma femme est allée au commissariat de police pour être avec notre fille alors qu’elle était interrogée. Mais Israël l’a mise également en détention. Le jour suivant, ils ont arrêté ma nièce Nour âgée de 21 ans.
C’en est trop ! Ils doivent libérer immédiatement les femmes de la famille Tamimi ! Ils doivent arrêter la persécution de ma famille.
Tout ceci a commencé vendredi dernier quand des soldats ont dans mon village tiré directement en plein visage sur Mohammed Tamimi, âgé de 15 ans avec une balle d’acier enrobée de caoutchouc. Après opération, Mohammad a dû être placé en coma médicalement provoqué. Puis les soldats sont venus chez nous. Ahed et Nour ont giflé les soldats et les ont repoussé, en hurlant qu’ils ne pouvaient pas entrer chez nous.
L’armée israélienne se sent menacée par nos manifestations régulières, par notre refus de vivre sous occupation.
Ahed a comparu hier devant le tribunal. Sa détention a été prolongée parce qu’elle refuse de parler. Pas de coopération avec l’occupation ! Nour et mon épouse, Nariman, ont comparu aujourd’hui devant le tribunal militaire. Leur détention a aussi été prolongée au moins jusqu’à lundi. Ahed, Nariman et Nour sont détenues à la prison d’Hasharon. Ahed est détenue avec les prisonnières israéliennes et Nariman et Nour sont détenues avec les prisonnières palestiniennes. Même si Ahed n’est pas dans la même section de la prison que sa mère et sa cousine, elle demeure forte et déterminée.
Dites à l’armée israélienne de libérer ma famille et de mettre fin à leur occupation longue de 50 ans de notre pays.
Il est de notre responsabilité de résister aux soldats qui entrent dans notre village et aux colons qui occupent nos terres et prennent nos ressources. En raison du travail de notre famille, j’ai été reconnu Défenseur des Droits de l’Homme par l’Union Européenne. A l’âge de 13 ans, ma fille a remporté en Turquie le Prix Handala du Courage. Amnesty International, pendant un de mes emprisonnements, m’a déclaré prisonnier de conscience. Chaque semaine, ma femme aide à diriger notre manifestation contre l’occupation. Maintenant sa résistance se déroule de l’intérieur d’une prison israélienne.
Dites à l’armée israélienne de libérer ma famille et de mettre fin à leur occupation longue de 50 ans de notre pays.
Des gens et des organisations dans le monde entier des Jeunes Contre les Colonies à la Voix Juive pour la Paix, CODEPINK et d’autres aux USA nous soutiennent. Ils rédigent des communiqués de presse, lancent des appels téléphoniques et se tiennent à nos côtés. Demain à 24 h Heure de l’Est (Est des Etats-Unis), (19 h à l’heure palestinienne) il y aura une tempête sur twitter (tweetstorm) avec le hashtag #FreeAhedTamimi. Je remercie chacun pour son soutien et j’espère que ma famille sera bientôt libre. »
Vers la liberté,
Bassem Tamimi,
Défenseur des Droits de l’Homme