La « sortie sèche » de l’euro : une triple erreur stratégique

Un texte de Michel Husson, ContreTemps n°19, 2013

En faisant de la sortie de l’euro la condition préalable à toute politique
alternative, les partisans de gauche d’une telle orientation commettent
une triple erreur stratégique qui va au-delà de l’évaluation de ses effets
économiques.

1. une « sortie sèche » de l’euro donnerait à la finance internationale une arme redoutable, cellede la spéculation contre la « nouvelle » monnaie, et reviendrait à se priver d’emblée d’un moyende pression décisif dans le bras de fer avec les institutions européennes.La sortie de l’eurodevrait être utilisée comme une menace dans la construction du rapport de forces.

2. faire de la sortie de l’euro l’axe principal du discours politique équivaut en pratique à
renoncer à tout projet de refondation de l’Europe. La légitimité d’une stratégie de rupture
unilatérale avec le carcan eurolibéral devrait s’appuyer sur un projet coopératif pour l’Europe.

3. l’inversion des fins (une autre politique) et des moyens (sortir de l’euro) rend très difficile une démarcation nette du positionnement du Front national. Il faudrait dire quelle alternative serait rendue possible par une sortie de l’euro.

C’est principalement cette dimension stratégique que cet article se propose d’aborder.

La suite dans le document joint qui réfère à des articles que vous trouverez, en partie, dans d’autres articles de notre rubrique " EUROPE"