Une histoire peu connue : les camps de concentration et de travail d’Israël en 1948-1955

par Yazan al-Saadi, journaliste au Al-Akhbar en anglais. La traduction, par MR, a été publiée par The National Solidarity Movement en octobre 2014.

Une grande partie des circonstances sinistres et sombres de la purification ethnique sioniste des Palestiniens à la fin des années 1940 a progressivement été exposée au cours du temps. Un aspect - rarement étudié ou discuté en profondeur - est l’internement de milliers de civils palestiniens dans au moins 22 camps de concentration et de travail, dirigés par les sionistes, qui ont existé de 1948 à 1955. On en sait un peu plus maintenant sur les contours de ce crime historique, grâce à la recherche exhaustive menée par le grand historien palestinien Salman Abu Sitta et du membre du centre palestinien de ressources BADIL, Terry Rempel.

Voici les faits.

L’étude - qui va être publiée dans le prochain numéro de Journal of Palestine Studies - s’appuie sur près de 500 pages de rapports du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), rédigés pendant la guerre de 1948, qui ont été déclassifiés, mis à la disposition du public en 1996, et découverts par hasard par un des auteurs en 1999.

En outre, les auteurs ont recueilli les témoignages de 22 anciens détenus palestiniens de ces camps civils, à travers des entretiens qu’ils ont eux-mêmes conduits en 2002, ou documentés par d’autres à d’autres moments. Des civils palestiniens capturés lors de la chute de Lydda et de Ramleh autour du 12 Juillet 1948 et emmenés dans des camps de travail. Dans la chaleur de juillet, assoiffés, sous la garde de soldats, un enfant leur apporte un peu d’eau
(Photo : Salman Abu Sitta, Palestine Land Society)

Avec ces sources d’information, les auteurs, comme ils disent, ont reconstitué une histoire plus claire de la façon dont Israël a capturé et emprisonné "des milliers de civils palestiniens comme travailleurs forcés" et les a exploités "pour soutenir son économie en temps de guerre."

Fouiller les crimes

"Je suis tombé sur ce morceau d’histoire dans les années 1990 alors que je collectais du matériel et des documents sur les Palestiniens," a dit Abu Sitta à Al-Akhbar. "Plus vous creusez, plus vous découvrez que des crimes ont eu lieu qui ne sont pas rapportés et qui ne sont pas connus."

A l’époque, Abu Sitta alla passer une semaine à Genève pour consulter les archives du CICR qui venaient d’être ouvertes. Selon lui, les archives ont été mises à la disposition du public après des accusations selon lesquelles le CICR aurait pris le parti des Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’était une occasion qu’il ne pouvait pas manquer, montrer ce que le CICR avait enregistré des événements qui ont eu lieu en Palestine en 1948. C’est là qu’il est tombé sur des dossiers où il était question de cinq camps de concentration dirigés par les Israéliens.

Il a alors décidé de chercher des témoins ou d’anciens détenus et...