Accord transatlantique : Hollande joue avec le feu

13 FÉVRIER 2014 | PAR LUDOVIC LAMANT dans MÉDIAPART

Le président français veut accélérer les négociations de libre-échange entre l’UE et les États-Unis, pour éviter l’« accumulation de peurs ». À deux mois et demi des élections européennes, c’est une position surprenante, qui tranche avec la relative prudence affichée depuis le départ par Paris sur ce dossier.

François Hollande sait-il qu’il se tiendra des élections européennes fin mai ?
Et que figurent, parmi les sujets explosifs de la campagne à venir, les négociations entre l’Union européenne et les États-Unis, pour conclure un accord de libre-échange censé accoucher de la plus grande zone de libre-échange au monde ?

À écouter ses remarques sur le sujet, lors d’une conférence de presse à Washington mardi, il est désormais permis d’en douter. Aux côtés de Barack Obama, le chef de l’État a plaidé sans détour pour une accélération du calendrier des discussions : « Aller vite n’est pas un problème, c’est une solution. Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. » Et le président français, que l’on a connu plus prudent sur le sujet, d’enfoncer le clou : « Si nous sommes de bonne foi, si nous sommes respectueux des positions des uns et des autres, si nous sommes attachés (…) à la croissance, nous pouvons aller vite »
Voir la vidéo ci-dessous à partir de 52‘20”.


Conférence de presse conjointe de François... par elysee

La commission européenne a reçu en juin 2013 un mandat pour négocier, au nom des 28 États membres de l’UE, cet accord avec Washington (le « TTIP », dans le jargon bruxellois).
Officiellement, l’objectif est d’aboutir d’ici à la fin du mandat de la commission, en octobre 2014. Mais les bons connaisseurs du dossier s’attendent plutôt à ce que ces discussions s’étalent sur plusieurs années – et durent au moins jusqu’en 2015. À titre d’exemple, il avait fallu plus de quatre ans de négociations difficiles, pour que l’accord entre l’UE et le Canada soit signé, fin 2013 (et cet accord, sur le papier, est moins ambitieux que celui en cours de négociation avec Washington, qui va bien au-delà des seules baisses de droits de douane.

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