Manifeste : Commission « altermondialisme »

dimanche 30 avril 2006, par Webmestre

Une dynamique pour un autre monde !

Nous voulons une autre mondialisation que celle que les financiers, les patrons et les marchands de grande distribution internationale sont en train de faire. Autrement dit, il s’agit d’appuyer d’autres processus, d’autres logiques que la financiarisation, l’appropriation privée et la marchandisation. L’argent devait être un outil facilitant les échanges entre les êtres humains. II est devenu un moyen de domination dans les mains des sociétés multinationales qui imposent leurs volontés au monde politique.[1]
Notre refus et nos critiques nourrissent une aspiration à "autre chose", un souci de changement profond et durable, une volonté d’alternative globale. Ce souci se traduit, dans le Manifeste d’ATTAC, par plusieurs propositions d’alternatives . C’est la convergence des mise en oeuvre de l’ensemble des propositions qui entraînera une rupture avec le capitalisme néo-libéral .

Nous voulons une société démocratique, solidaire, fraternelle, égalitaire, laïque et écologique où la recherche égoïste du "profit d’abord" ne fabrique plus un nombre croissant de travailleurs et travailleuses précaires, pauvres et surexploité(e)s. Nous voulons un monde réellement social, ou chacun pourra vivre vraiment de son travail, notamment par sa capacité à pouvoir se loger confortablement.
Nous pensons que la démocratie est la plus apte à permettre la construction de cet "autre monde". Mais la démocratie ne consiste pas à ne voter que périodiquement pour confier le pouvoir à des représentants. Elle exige d’autres formes de participation et dans divers domaines. Un pouvoir qui gouverne sans le peuple perd de vue rapidement les aspirations de celui-ci et se transforme vite en simple vitrine masquant un pouvoir dictatorial, celui des puissants, des grands possédants. Puis c’est l’ordre sécuritaire qui devient nécessaire avec la paupérisation du plus grand nombre.

La course aux rendements maximum pratiquée par les actionnaires, base du néo-libéralisme, a de nombreuses conséquences. D’abord la mise en concurrence des salariés entre eux, leur mise en rivalité, leur soumission à l’intensification du travail, à la précarité et à la flexibilité. Cadres ou ouvriers, en ville ou à la campagne, tous connaîtront des salaires tirés vers le bas, les cadences infernales, les conditions de sécurité sacrifiées, toutes les formes de stress, les bassesses pour conserver son poste aux dépens de celui du "collègue". Au plan de la solidarité organisée, les caisses de maladie, chômage, vieillesse et d’allocations familiales, seront d’autant plus déficitaires que les sociétés du "CAC 40" dont les bénéfices croissent de plus en plus se sont fait exonérer de ces cotisations sociales, et ce sous le prétexte de créer des emplois. Les travailleurs et travailleuses sont alors contraints de s’adresser, s’ils en ont les moyens pécuniaires, à l’assurance privée

La solidarité salariale et nationale n’existera quasiment plus . L’Etat y pourvoira de moins en moins car il percevra moins d’impôts pour que son déficit reste strictement encadré au profit d’un Euro " fort " (cf Pacte de stabilité). ATTAC veut construire l’Europe sur d’autres bases que la rigueur budgétaire libérale promue par les divers traités, notamment celui de Maastricht .
La croissance ne doit plus être un slogan ou un mot creux : il importe de connaître ce qu’on produit et les conséquences de ces productions dans les domaines social et environnemental . Nous voulons une "alter-croissance" porteuse de redistribution des richesses tant en France qu’en Europe et dans le monde. Rien ne saurait croître tout le temps, ni nos consommations d’énergies, ni nos productions de déchets. II y a des secteurs d’activités humaines qui, à un moment, doivent être développés, d’autres réduits. C’est une question de choix de société ou le pouvoir politique doit reprendre ses droits sur le marché et la finance.

Le développement des activités de production, d’échange et de consommation, ne peut se faire qu’en respectant l’environnement. Nous militons pour un "alter-développement" durable pour tous et toutes, mettant en application les critères de développement humain (IDH de l’ONU*). Nous ne pouvons utiliser matières premières et énergies de manière durable que dans la mesure où nous respectons le rythme auquel elles se reconstituent. L’épuisement des stocks existants, par soif de profits à court terme pour quelques-uns, se solde par des dégâts irréparables. Plus encore que dans le domaine social, c’est dans le domaine environnemental que la règle de fonctionnement des sociétés -" les bénéfices pour les actionnaires, les dommages pour les contribuables"- fait le plus de dégâts.
Rétablir pleinement le pouvoir du politique face au(x) marché(s), aux sociétés multinationales et à la finance passe par la mise en évidence des marges de manoeuvre de l’Etat qui doivent servir à l’intérêt de tous et non d’une minorité de riches . Au plan européen et mondial, les institutions internationales doivent aussi pouvoir être au service de l’immense majorité de la population mondiale . Le globe terrestre, son eau, son air, sa biodiversité, tous ces biens communs sont nécessaires à la vie ; Ils doivent être respectés, partagés et gérés d’une manière non marchande. Ils doivent être confiés à des services publics auxquels l’Etat doit donner prioritairement les moyens de fonctionner. Pour ce faire, une autre logique budgétaire que celle appliquée par l’Union européenne ou par les institutions internationales financières (BM, FMI*) et commerciales (OMC*) doit prévaloir . Les ressources nécessaires peuvent être fournies par une taxe sur les transactions financières spéculatives, notamment celles à destination ou en provenance des paradis fiscaux, et destinées à aider les citoyens, motif de notre création et symbole de notre logo (% ATTAC).

Voilà pourquoi ATTAC s’oppose a la toute puissance destructrice du capitalisme néo-libéral, et face au constat de son fonctionnement au seul profit d’une minorité de l’humanité, exige que la société respecte les Droits de l’Homme et du citoyen et élargisse ses possibilités de mise en oeuvre à l’ensemble de l’humanité .
Nous ne sommes ni un parti politique, ni un syndicat. Nous voulons dans l’action collective et par le débat convaincre les populations et leurs élus de nos réflexions et qu’un autre monde est possible et nécessaire.

[1] 5% de la population mondiale possède les ¾ du patrimoine ; 0.2% dispose de la moitié de la capitalisation boursière mondiale ; en France, la moitié du patrimoine actions appartient à 1% des ménages.

* IDH = Indices de développement humain, ONU = Organisation des Nations Unies , PECO= pays d’Europe centrale et orientale, UE=Union Européenne

* BM = Banque mondiale, FMI = Fond monétaire international, OMC = Organisation mondiale du commerce
Attac Rennes 30 avril 2006

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