Manifeste : Introduction sur Valeurs et Situation

vendredi 25 août 2006, par Webmestre

Auteur Christian Delarue

Chers amis,

Voici quelques remarques concernant le Manifeste d’ ATTAC

1 - Concernant l’introduction au Manifeste, je vais donner un point de vue qui se différencie à la fois de celui de
Guy G. sur les valeurs et de celui de Bernard Teper sur les principes.
Disons, pour le dire vite, que ce qui compte c’est la mise en oeuvre de
ces valeurs qui fait "valeur’. Les valeur ne sont que peu de choses hors
de leur combinaison pratique. C’est la pratique sociale qui montre la
vérité ou l’hypocrisie de ceux qui avancent des valeurs. A ce sujet, ce
qui compte me semble alors être l’idéal global qui mobilise mais celui-ci
est indicible hors de sa manifestation réel dans un mouvement . J’ajoute
que le mouvement n’est rien sans le but . C’est pourquoi le mouvement
social possède une dynamique "en contre" (ce monde ) et "en pour" (un
autre) . Il y a une dialectique entre les deux qui permet d’éviter le
stricte mouvementisme . Pour une application de cette vision des choses
lire le texte "Pour un autre monde - une dynamique altermondialiste" par
le comité rennais d’ ATTAC.

2 - Concernant le problème des valeurs prenons des exemples :
Le développement inégal et combiné du capital qui fragmente et crée des
inégalités et des discriminations innaceptables dans le social, le
territorial, l’ethnique, le genre a pour particularité contemporaine de
générer une homogénéïsation culturelle. On montre du doigt la
standardisation de la production marchande des objets quotidiens qui sont
aussi des objets culturels . (voir atelier). En conséquence, la diversité
culturelle devient bien une valeur altermondialiste essentielle. Mais dans
le même temps on assiste à une montée du inquiétante du religieux dans le
monde or la laïcité ne figure pas parmis les valeurs ni les principes
essentiels à notre temps au niveau mondial. Lisez l’ouvrage d’ Amnesty
international "Protéger les droits humains - Outils et mécanismes
juridiques internationaux chez Litec - vous n’y verrez rien sur la
laïcité. Or nous le voyons dans les débats ces deux valeurs comme ces deux
principes peuvent entrer en contradiction tout comme ils peuvent se
compléter.
Il en va de même pour prendre un autre exemple entre mixité sociale et
droit au logement.
Les valeurs et principes sont par ailleurs diversement interprétés. Le
tryptique républicain "Liberté, Egalité, Fraternité" a donné lieu à de
multiples lectures. Je préfère pour ma part celle d’ Ernst BLOCH (mémoire
sur son ouvrage "droit naturel et dignité" ).

3 - Concernant les istes et ismes qu’il faudrait supprimer de notre language, je suis assez d’accord mais
je crois que les choses ont bien changer depuis les années 7O/80. Pour
être bref il y a des marxismes, et même des trotskysmes, des socialismes,
des nationalismes bref des compréhensions multiples au sein de chaque
courant historique et qu’une éducation populaire se doit de signaler la
richesse contemporaine et renouvelée de cette critique sociale. On ne
saurait donner dans le délire interprétatif en la matière . Ce serait
contraire à ladémarche d’éduc pop qui nous anime. Parailleurs dans les
divers débats auxquels je participe, je constate bien souvent que, par
exemple, le mot républicain qui ne se termine pas en isme constitue bien un obstacle epistémologique important. De ce fait dans les
discussion il faut toujours signaler de quelle République ou de quelle
France on parle. C’est ce qu’a signaler Jean-Pierre BRARD dans un des
ateliers.

NEOLIBERALISME, DEMOCRATIE ET DISCRIMINATIONS RACISTES

4 - Concernant le volet Démocratie j’ai participé à l’atelier ou la session de discussion du document sur la
Démocratie. A cette occasion j’y ai fait en début de séance une
intervention sur l’équilibre du document et quelques points à améliorer
tel celui sur propriété et démocratie, qui est déterminant pour une « 
alterdémocratie » (cf Fondation Copernic ) ou celui encore de
l’intervention sur les grands choix de production au niveau régional et
national.
Mais, je n’ai pas pu intervenir de nouveau sur un thème tout aussi
important et non évoqué au cours des débats. Il s’agit des rapports entre
démocratie et discriminations racistes. Je souhaite intégrer
cettedimension dans le document.

Une des avancée du débat sur le Manifeste me semble être le fait qu’a été
posé dans certains ateliers ? logements, immigrations, culture notamment - l’importance de l’action pour faire reculer les discriminations racistes
dans la société.

Du point de vue antiraciste, on ne pouvait d’ailleurs faire moins car même
les « officiels » déclarent vouloir le faire. (cf sur internet F LORCERY
sur la requalification de la notion d’intégration en terme de lutte contre
les discriminations.), ce qui est une façon de reconnaître que la gangrène
raciste imprègne la société.

On a pu me signifier un accord sur ce point tout en continuant d’avancer
que cela n’était pas principal pour ATTAC. C’est cet argument qui a perdu
de sa pertinence aujourd’hui.

Je ne peux que me réjouir que, chez les altermondialistes, l’idée
s’affirme clairement que non seulement un autre monde ne peut se
construire sur des bases de discriminations et ségrégations racistes et
sexistes mais encore que la lutte contre le néolibéralisme passe
nécessairement par cette lutte et qu’il s’agit d’un élément important à
intégrer dans nos documents et une orientation pratique de luttes avec
d’autres.

Par ailleurs c’est bien dans le document « démocratie » que cela devrait
figurer. Tout comme y figure la dimension « genre ». De même que devrait
d’ailleurs y figurer le droit de vote des résidents étrangers extra-communautaires. Mais évoquer la nécessité d’une société sans racisme comme préalable à une démocratie digne de ce nom me parait engager une
conception plus large moins formelle car même les immigrés possédant le
droit de vote qui subissent la discrimination raciste dans tel ou tel
domaine ne peuvent s’impliquer correctement non seulement au moment d’un
vote mais dans toute la vie citoyenne locale.

L’implication citoyenne fait bien pour un citoyen ordinaire non racisé un
bond en avant quand la baisse de l’intensification du travail, la baisse
du taylorisme , la RTT , et le partage des taches domestiques est engagé
et que les produits télévisuels de diversion (comme le foot ou autre
série) ne viennent pas donner du rêve sans issue mais au bénéfice du
néolibéralisme. « Sans issue » est d’ailleurs faible car je sais (sans
pouvoir citer ma source) que le nazisme avait pu se maintenir au pouvoir
grâce à la propagande qui génère la passivité. La religion télévisuelle
aliénante participe de la vision du père Debré voulant limiter la
démocratie à un grand moment - celui des élections - pour laisser le
pouvoir aux élites et ce disait-il en substance afin de préserver la
famille de la conflictualité inhérente à la politique.
Aux conditions que je viens de citer pour l’implication citoyenne ? qui ne
sont pas exhaustives ? il faut donc ajouter l’absence de racisme. Pas de
démocratie avec une société raciste, lequel étant masqué est toujours plus
profond qu’on ne le pense.

Je souhaite donc vivement un ajout subtantiel d’un paragraphe sur ce point.

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