Manifeste. Pour une conception alternative des relations Nord Sud - Pour la construction d’un monde sans dette ni aide

vendredi 26 mai 2006, par Webmestre

attac france

article publié le 26/05/2006

auteur-e(s) : STAMBOULI Danièle

7-AI-V1-001-02/04/2006

POUR UNE CONCEPTION ALTERNATIVE DES RELATIONS NORD-SUD
POUR LA CONSTRUCTION D’UN MONDE SANS DETTE NI AIDE

Il s’agit de sortir de la logique néo-colonialiste ou de "l’impérialisme revisité" dans laquelle les rapports sud-nord sont englués. Qu’on y songe : 40 ou 50 ans après les indépendances durement acquises la majorité des pays du sud restent sous domination des anciennes puissances colonisatrices (Grande Bretagne, Belgique, France, Allemagne) et sont enserrées dans un maillage économique : Accords de Yaoundé, de Lomé I, II, de Cotonou .

Un chiffre a lui seul résume cette affirmation : les économies européennes représente les 2/3 des échanges commerciaux et les 2/3 de l’origine des capitaux. Exemple parmi d’autres : un pays comme la Tunisie importateur de coton ne peut commercer directement avec un pays producteur tel le Mali ou le Bénin. Il lui faut l’aval de l’UE.

I. - Rompre avec les politiques néo-libérales imposées aux pays du sud par la BM et le FMI (*).

A) les plans d’ajustement structurel (PAS).

En bref, les objectifs d’un PAS sont :

- dénationaliser des pans entiers des économies naissantes.

- privatiser les entreprises du secteur public

- dégager ainsi des capitaux affectés au remboursement de la dette

Les conséquences d’un PAS sont :

- la désorganisation des rares services publics de santé
- la fermeture des écoles publiques
- la mise au chômage de nombreux fonctionnaires
- l’accroissement de la pauvreté
- la déstructuration de l’Etat-nation en gestation dont les fonctionnaires sont les principaux acteurs car au-dessus des clivages des clans et des tribus.

B) L’aide publique au développement (APD), force est de constater qu’elle ne sert à rien, si ce n’est au maintient des régimes anti-démocratiques, prédateurs et zélés serviteurs de leurs maîtres du nord. Corruption, coup d’Etat et interventions militaires jalonnent l’histoire des pays du sud.

Là encore quelques chiffres pour illustrer l’inutilité de l’aide telle que conçue actuellement. Selon Philippe HUGON, "le coût total des 700 experts à Madagascar (y compris les dépenses de matériel et de voyage) est du même ordre que les salaires touchés par 100 000 fonctionnaires malgaches.

Les écarts de revenus par tête entre l’Europe et l’Afrique ont doublé depuis les indépendances et sont de 150 à 1. Selon Aminata TRAORE le nombre de pauvres serait passé de 242 millions de personnes en 1990 à 291 millions en 1998.

C) La dette. Elle comporte deux facettes principales.

a) une facette financière ou la création de mécanismes de transfert du sud vers des acteurs du nord , les élites du sud prenant leur part au passage. En outre le FMI évalue le montant de la dette, fixe ses modes de remboursements, son rééchelonnement et les prêts pour les intérêts de la dette, toute somme recyclée au Nord, aux USA et dans les paradis fiscaux (pour 1 dollar envoyé, 1,4 dollar nous revient).

b) une facette politique ou la création de mécanismes d’ingérence et de domination des gouvernements pays du nord sur les peuples du sud avec la complicité de leur gouvernements. Selon A TRAORE le rééchelonnement "prévoit que le FMI et la BM décident de l’éligibilité d’un pays ce qui tend à institutionnaliser l’ingérence politique . Les sociétés civiles elles se trouvent totalement écarté des processus de décision et n’ont aucun moyen de se faire entendre de leur dirigeants.

Face à ces données, comment transformer les relations nord-sud et réinventer au passage nos modes de perception ?

II. - Quelques perspectives pour assurer la possibilité d’un développement autonome, décidé et géré par les populations selon leurs besoins.

- Militer pour la restitution de leur richesse aux pays du sud ; ce qui suppose une lutte contre l’emprise des multinationales des pays du nord (USA , UE, Chine ) sur les ressources des pays du sud. Lire "Enquête au coeur des multinationales" Mille et une nuits

- Pour ce faire nous devons changer nos représentations en cessant de porter un regard misérabiliste et démobilisateur sur l’Afrique . Il y a certes beaucoup de pauvres et même un appauvrissement des peuples du sud notamment en Afrique mais cela ne doit pas cacher la présence de richesses et de capacités porteuses d’avenir. L’Afrique est un continent riche mais spolié : il recèle les 2/3 des richesses minières (or, diamant, uranium, plutonium...) énergétiques (pétrole, gaz, ) . Elle possède une grande diversité en matière de faune et de flore.

- Refuser l’ordre mondial imposé par l’OMC, le FMI et la BM et ne plus nous inscrire dans la logique d’aide, dérive direct du système économique instauré par ces institutions internationales. Lire "Que faire du FMI et de la BM ?" et "Remettre l’OMC à sa place" .Mille et une nuits.

- Exiger l’annulation de la "dette odieuse" (cf. doc CADTM) et même le remboursement des sommes dues par le nord au sud.

- Lutter contre la PAC et autres subventions accordées aux agriculteurs du nord par le G8 et les gouvernements de l’UE et des USA. Subventions tueuses d’emplois, de savoirs-faire et cause d’exode rural vers les villes, de bidonvillisations des métropoles du sud. Lire Le G8 illégitime Mille et une nuits

- Dans l’immédiat être solidaire des paysans du sud dans leur combat contre la monoculture industrialisée ou les cultures d’exportation afin qu’ils retrouvent leur autonomie alimentaire et qu’ils puissent enfin décider de leur production et des prix de la distribution. (cf. Confédération paysanne membre d’ATTAC sur ce point).

- Promouvoir un réel alterdéveloppement respectueux de la nature et réducteur des inégalités sociales et de genre. (cf fiche) . Rendre aux Etats leur capacité de décider démocratiquement des modes de satisfaction des besoins hors pression de l’ensemble du système impérialiste.

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