03-28 juillet, France : l’Altertour, par Jean-Pierre Masson, Altercycliste (sept. 2008) Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°47 (oct/nov 2008)

Basé sur la solidarité et la coopération, l’altertour a été le moyen, pendant un mois, de promouvoir de manière novatrice les alternatives quotidiennes, entre individus, mais aussi entre l’homme et son environnement. La pensée politique collective était présente aussi, par de nombreuses occasions de réflexions sur l’organisation de la société, que ce soit dans le champ économique, agricole, social. Tout ça drainé de département en département, sur un bon bout du pays, par la présence du peloton, qui entrainait sur son passage débats, visites, expositions, rencontres, spectacles (et dégustations). Témoignage d’un participant !

Nous partîmes une quarantaine le 03 (près d’Alès), nous arrivâmes une centaine le 28 à Montpellier. Plus de 200 participants sont venus sur une ou plusieurs ou toutes les étapes. 3 000 km en vélo, des groupes solidaires d’altercyclistes se sont relayés plusieurs fois par jour pour boucler les 100 à 140 kms quotidiens. Une véritable aventure pendant laquelle nous n’étions jamais surs de terminer le circuit ! Pas question d’abandonner pourtant, encore moins de laisser un-e altercycliste sur le bord du chemin, quitte à arriver à 11h du soir ! Mais qu’est-ce qui peut motiver des gens comme vous et moi, pour consacrer leurs vacances à participer à « l’AlterTour pour une planète non dopée, pour une agriculture écologique et la biodiversité cultivée » ?

 La planète non dopée, c’est la dénonciation de la compétition qui engendre la concurrence acharnée au lieu de la coopération et l’entraide.
 L’agriculture écologique, c’est celle qui répond le mieux aux besoins alimentaires de l’humanité, de manière pérenne puisqu’elle tient compte des équilibres naturels et n’épuise pas les ressources.
 La biodiversité cultivée, c’est la résistance à la volonté des multinationales de l’agro-alimentaire et des semences qui veulent contrôler le marché de l’alimentation en empêchant la prolifération des variétés locales, rustiques, de plantes et animaux.

L’AlterTour a été une aventure réussie, malgré les difficultés multiples et variées, grâce aux efforts des comités locaux qui ont organisé le parcours et l’accueil des altercyclistes. Combien d’émotions vécues dans tous ces moments de rencontre, de festivités, de conférences-débats... Les AMAP et les Groupements d’Agriculteurs Biologiques, les comités locaux d’ATTAC, d’Accueil Paysan, de la Confédération paysanne ont redoublé d’énergie pour donner du sens à cette espèce de « contre-Tour de France » qui se déroulait en même temps que lui. L’intérêt porté par les médias a été très variable d’une étape à l’autre. Ce n’est pas faute de les avoir contacté... Mais l’année prochaine (car on va remettre ça !) ce sera une autre affaire.

Et dans le Loiret ?

L’arrivée à Cortrat (près de Montargis), le 11 à midi, a été copieusement arrosée par l’eau du ciel, qui n’a pas refroidi l’ambiance ; l’AMAP du Gâtinais s’est adaptée aux circonstances pour nous accueillir sous un hangar agricole. Dans le milieu de l’après-midi, nous avons fait une pause au Carrefour de la Résistance (en forêt d’Orléans, près de Lorris) pour écouter des textes sur la Résistance. Histoire de faire le parallèle entre les luttes d’hier pour retrouver la liberté et celles d’aujourd’hui pour ne pas la perdre ; n’y a-t-il pas une analogie entre le régime fasciste qui écrase les peuples et le rouleau compresseur néo-libéral qui génère la misère socio-économique ?
Le soir, arrivée à Tigy. Camping à la ferme, repas dans la salle des fêtes avec théâtre de rue et concert, débat sur la recherche agronomique... Le 12 matin, direction Orléans, puis Beaugency pour le repas du midi, préparé par l’association « Amitiés pour l’Argonne ». Un repas chaud, très très apprécié, conclu par des poèmes de Gaston Couté, lus ou chantés. Et puis au revoir le Loiret, direction Vendôme !

Ne nous voilons pas la face, il y a aussi eu des ratés dans cette manifestation itinérante de 3 semaines et ½. Car déficit il y a eu : les gens ne sont pas venus aussi nombreux que nous l’espérions. Il est de plus en plus difficile de les mobiliser, même ceux acquis à la cause ! Ceci dit, ça n’est pas ça qui nous empêchera de recommencer l’aventure !

* Présentation, récits et photos sont consignés sur le site www.altertour.net