La Banque mondiale au service des puissants dans un climat de chasse aux sorcières par Eric Toussaint

Contrairement à une idée reçue, la mission de la Banque mondiale ne consiste pas à réduire la pauvreté dans les PED. La mission que les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, principalement les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, lui ont attribuée consiste à aider à la reconstruction de l’Europe et, subsidiairement, à favoriser la croissance économique des pays du Sud dont une bonne partie étaient encore des colonies. C’est cette dernière mission qu’on a appelée « développement » et qui a pris de plus en plus d’ampleur. La Banque prête d’abord de l’argent aux métropoles coloniales (Grande-Bretagne, France, Belgique) pour mieux exploiter leurs colonies, puis quand celles-ci obtiennent leur indépendance, la Banque mondiale leur impose d’assumer les dettes contractées par leurs ex-métropoles pour renforcer la colonisation et l’exploitation de leurs ressources naturelles et de leur peuple.

Au cours des dix-sept premières années de son existence, les projets soutenus par la Banque mondiale consistent à améliorer des infrastructures de communication et la production électrique. L’argent prêté par la Banque aux PED doit surtout être dépensé dans les pays industrialisés. Les projets soutenus doivent améliorer les capacités d’exportation du Sud vers le Nord afin de satisfaire les besoins de celui-ci et d’enrichir une poignée de sociétés transnationales des secteurs concernés. Durant cette période, les projets en matière d’enseignement, de santé, d’accès à l’eau potable et d’assainissement des eaux usées sont inexistants.

Dès les débuts, les missions de la Banque visent essentiellement à augmenter sa capacité à influencer les décisions prises par les autorités d’un pays donné dans un sens favorable aux grandes puissances actionnaires et à leurs entreprises.