De Trump à Macron : une collusion de plus en plus manifeste entre pouvoirs publics et grands intérêts privés

mardi 30 mai 2017, par Aurélie Trouvé, Fréderic Lemaire

Quel est le point commun entre le nouveau gouvernement Macron et l’administration Trump ? L’hégémonie de ministres et de conseillers issus du secteur privé dans le gouvernement. C’est le cas bien sûr avec Edouard Philippe, ancien d’Areva, mais également de son directeur de cabinet, venu de l’industrie pétrolière et gazière, de celui de la ministre de la Santé, venu du secteur des mutuelles privées, de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, passée chez Dassault et Danone… Sans oublier les autres ministres de droite, comme Bruno Le Maire, partisan de la suppression d’un demi-million de postes de fonctionnaires.

(article paru dans Bastamag le 30 mai 2017)


La composition du premier gouvernement Macron a été dévoilée le 16 mai. Elle ne laisse pas vraiment de place au doute. Composé en partie de cadres de la droite et d’anciens dirigeants du secteur privé, le nouvel exécutif se présente comme une équipe de choc pour mettre en œuvre une politique résolument favorable aux intérêts des grands groupes industriels et financiers.

En nommant Edouard Philippe à la tête de son premier gouvernement, Emmanuel Macron annonçait déjà la couleur. Ancien lobbyiste de la multinationale française du nucléaire Areva, le nouveau Premier-ministre s’est aussi avéré, au Havre, être un ardent défenseur des centrales à charbon. Député Les Républicains, il avait voté contre le projet de loi pour la transition énergétique de 2014 et celui sur la biodiversité de 2016 [1]. Son directeur de cabinet à Matignon, Benoît Ribadeau-Dumas, vient de l’industrie pétrolière et gazière [2]. On savait que les ambitions d’Emmanuel Macron en matière de transition écologique étaient maigres, mais la nomination d’Edouard Philippe laisse présager du pire à cet égard. Le nouveau Premier ministre avait par ailleurs, en tant que député, refusé de fournir certaines informations sur sa déclaration de patrimoine de 2014, pourtant exigées par la loi, comme le rappelle Mediapart. On fait mieux en matière d’exemplarité.

Bruno Le Maire : du CPE aux « jobs à 5 euros »

Un autre cadre des Républicains, Bruno Le Maire, obtient un poste clé, celui de ministre de l’Économie. Ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, Bruno Le Maire fut un des « inventeurs » du contrat première embauche (CPE), projet finalement abandonné à la suite d’une mobilisation sociale exceptionnelle. Lors de la primaire de la droite, son programme économique comptait parmi les plus radicaux, avec, par exemple, la création de « jobs à 5 euros » ou la suppression des fonctionnaires (500 000 postes en cinq ans). Il y a finalement obtenu 2,4% des suffrages.

Dans son premier discours en tant que ministre, Bruno Le Maire a défendu une politique austéritaire : « Dans une famille on ne dépense pas plus d’argent qu’on en gagne. Je souhaite qu’en France, ce soit exactement la même chose. » Passons sur la comparaison rebattue et erronée – une erreur plutôt inquiétante de la part d’un ministre de l’économie. La start-up nation, voulue par Emmanuel Macron, s’apprête donc à se priver des investissements publics d’avenir pourtant tellement nécessaires face aux enjeux écologiques et sociaux. Une telle orientation est confirmée par la nomination du sarkozyste Gérald Darmanin au ministère de l’Action et des Comptes publics.

Report de la taxe sur les transactions financières


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