Union bancaire européenne : des vessies pour des lanternes

Article de Bernard Marx, le 26 décembre 2013 dans la revue REGARDS

Jouez hautbois, résonnez musette ! Le dithyrambe est de rigueur pour saluer l’accord du conseil des ministres européens de l’économie et des finances réalisé à l’approche de Noël sur « le mécanisme unique de résolution bancaire (MRU). « Un accord historique ... c’est la plus grande étape d’intégration financière en Europe depuis la création de la monnaie unique », proclame Pierre Moscovici. « Je ne dirais pas que tout est parfait, ne serait-ce que parce que cette nouvelle régulation n’entrera totalement en vigueur qu’en 2015/2016. Mais on va sortir de cette crise bien plus fort que nous l’étions avant. Ce qu’on est en train de faire est révolutionnaire » enchérit Michel Barnier en charge du dossier au sein de la Commission européenne. « L’Europe a accompli plus en quelques mois qu’au cours des dix dernières années » synthétise François Hollande. Observons que Madame Merkel s’est contentée d’un « Cet [accord] est une grande réussite », moins emphatique et, somme toute plus proche de la réalité s’agissant du moins des résultats de la négociation pour l’Allemagne.

Ce serait portant la moindre des politesses à notre égard que les dirigeants qui nous gouvernent n’essayent pas, une nouvelle fois, de nous faire prendre des vessies pour des lanternes en matière de finance et d’Europe, sous prétexte que le sujet est technique.

Cercle vicieux

L’objet de l’Union bancaire européenne n’est ni d’organiser une prévention crédible des crises bancaires et financières, ni de réorienter l’activité bancaire et financière au service du financement de l’emploi, du développement des capacités humaines et de la transition écologique. Ce qui aurait été effectivement historique et révolutionnaire. Mais la directive sur la séparation entre banque de détail et banque d’investissement a été mise à mal avant même d’avoir été mise sur la table par la fausse réforme française et la question d’une nouvelle sélectivité du crédit n’est même pas posée. L’objectif est seulement d’empêcher que les cercles vicieux entre les crises bancaires nationales et les crises des finances publiques aboutissent à des conditions de crédit différentes et incontrôlables dans les pays membres et menacent la pérennité même de l’euro.

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