HSBC : du commerce de l’opium à l’évasion fiscale massive, l’histoire d’une banque au présent sulfureux

PAR ERIC TOUSSAINT 9 FÉVRIER 2015

Les scandales n’ont pas fini de rattraper la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation (HSBC). Après avoir été l’arme financière de l’empire britannique en Asie, la banque est désormais éclaboussée par le dossier SwissLeaks, un scandale aux multiples facettes, de la fraude fiscale en France aux affaires politiques et financières en Espagne ou en Grèce. Sans oublier d’autres délits et manipulations.

La banque HSBC est revenue sur le devant de la scène. Selon les informations publiées par plusieurs organes de presse le 9 février 2015, 180,6 milliards d’euros seraient passés, à Genève, par les comptes HSBC, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007 – soit en moins de 5 mois ! Mohamed VI roi du Maroc, des vedettes du monde du spectacle, de multiples sociétés privées, auraient confié à HSBC la mission de dissimuler au fisc et à la justice de leur pays une partie de leurs revenus. Dans l’article ci-dessous, nous revenons sur l’histoire passée et récente d’HSBC, une des principales banques privées à l’échelle mondiale.

Une banque née du commerce de l’opium

Le sigle HSBC signifie Hong Kong and Shanghai Banking Corporation. Dès ses origines, la banque est mêlée au commerce international de drogues dures. Elle est fondée dans le sillage de la victoire britannique contre la Chine dans les deux guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1860). Ces deux guerres jouent un rôle décisif dans le renforcement de l’empire britannique et dans la marginalisation de la Chine qui a duré environ un siècle et demi. Au cours de ces deux guerres, le Royaume-Uni réussit à imposer à la Chine d’accepter les exportations britanniques d’opium en provenance de l’Inde, composante de l’empire britannique. La Chine tente bien de s’opposer au commerce de l’opium mais les armes britanniques, avec le soutien de Washington, ont le dessus.

HSBC impliquée dans d’autres crimes financiers

Ensuite, entre 1980 et 1997, elle développe ses activités aux États-Unis et en Europe. Elle ne déplace son siège social de Hong Kong à Londres qu’en 1993, avant la rétrocession du territoire à la République populaire de Chine réalisée en 1997. HSBC reste incontournable à Hong Kong dont elle émet 70 % des billets de banques (le dollar de Hong Kong). En 2014, le groupe mondial HSBC emploie 260 000 personnes, est présent dans 75 pays et déclare 54 millions de clients. Hong Kong constitue encore un élément clé, notamment pour recycler l’argent accumulé par la nouvelle classe dirigeante chinoise.


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