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Crise financière : mécanismes et acteurs
De la financiarisation de l’économie mondiale à la crise économique, par Nicolas Cléquin (janv. 2009)

Extrait de la Lettre d’Attac 45 n°48 (déc. 2008-janv 2009)


Depuis une trentaine d’années, le capitalisme globalisé a connu une mutation importante. L’un de ses aspects les plus fondamentaux est la domination de la finance internationale sur les économies - et en définitive sur l’ensemble des activités humaines.

A l’origine de cette mutation...

D’une part la constitution d’une masse absolument gigantesque de capitaux flottants dans les pays riches. Elle trouve sa source dans :

D’autre part, la dérèglementation des marchés financiers. En France, elle prend sa source dans la loi de 1986. Outre la mise en concurrence des agents de change, cette série de réformes impose la fin du contrôle de l’Etat sur la circulation des capitaux. Ceci s’accompagne d’une série de mesures pour attirer les capitaux étrangers (suppression de la taxe sur les investissements étrangers de 1993). Cette dérèglementation se poursuit toujours, avec comme dernier avatar la suppression de l’impôt de bourse par Sarkozy en 2007. Les mêmes réformes ont été prises dans plusieurs pays (notamment anglo-saxons), et rejoignent l’apparition d’internet, la privatisation des systèmes bancaires, la perte de pouvoir des organismes de contrôle… Ces réformes ont appliqué à la lettre la théorie du marché autorégulateur.

Résumons : on a une masse de capitaux qui gonfle et un maximum de libertés accordées aux détenteurs de ces avoirs financiers pour investir comme bon leur semble. Il devient donc possible de vendre des titres en actions en France, pour acheter des dollars et placer ses dollars en actions Microsoft aux Etats-Unis ; puis vendre ces actions et ces dollars et acheter du yen. Attendre que le yen s’apprécie par rapport au péso mexicain et vendre au bon moment pour acheter des pésos, et acheter des actions dans l’entreprise gazière que Carlos Menem vient de privatiser en Argentine... Tout cela, bien sûr, en quelques clics d’ordinateur, sans contrôle public et à très peu de frais.

... et les conséquences :

Le déclenchement de la crise

Dans les années 90, peu de secteurs pouvaient répondre à la soif de dividendes de cette masse de capitaux, en raison de l’atonie de la croissance liée à la stagnation des salaires. D’où une forte spéculation sur les valeurs de l’internet, sur lesquelles aux États-Unis on a alors vu se créer une bulle spéculative. En 2001, elle éclate lorsque les profits attendus sur ces valeurs ne sont pas au rendez-vous. Certains de ces capitaux investissent alors dans l’immobilier, puis dans le crédit immobilier à risque : on fait payer des intérêts énormes aux pauvres pour qu’ils deviennent propriétaires (subprimes). Les banques savent que certains clients ne pourront pas rembourser leurs crédits, mais ça n’est pas grave (pensent-ils) car leurs logements sont hypothéqués et une spéculation immobilière énorme fait grimper la valeur des maisons achetées. Donc en cas de défaut de paiement, les banques comptent revendre leurs biens en faisant une plus-value.

Malheureusement, le marché de l’immobilier se retourne : on va alors chercher à refiler à d’autres les crédits hypothécaires. Pour inciter au rachat de créances pourries, on les place dans des packages de placements financiers avec des produits plus sûrs, comme des bons du trésor : c’est la titrisation. Ces produits financiers opaques vont faire l’objet d’une spéculation engageant des sommes considérables. La bulle sur les produits titrisés, sur l’immobilier, se double d’une euphorie boursière sur les marchés actions. Dès lors l’explosion de la bulle devient inéluctable.

Des conséquences en cascade

Les pertes se produisent pour les banques détentrices de ces produits titrisés au moment où tant d’organismes financiers se retrouvent avec des clients ruinés par le surendettement. On assiste alors aux premières faillites de banques : AIG, Lehman…

L’État américain hésite entre deux réactions : intervenir et prendre à son compte les pertes des banques les plus irresponsables (donc faire payer aux contribuables les folies de ceux qui les ont exploités pendant 25 ans) ; ou laisser faire faillite pour faire payer le prix fort aux irresponsables. Cette dernière solution sera choisie par l’administration Bush à propos de Lehman brothers. Aussitôt, cette décision, qui ne tient aucun compte des crises passées, provoque la panique des marchés le 15 septembre 2008 ; car les banques refusent de se prêter entre elles, craignant une faillite de leur créancier. Les banques les plus fragiles n’ont alors plus de liquidités. Cette peur accroit les difficultés des banques mais surtout entraîne la raréfaction du crédit. Chat échaudé craint l’eau froide : les banques ne vont plus prêter qu’aux clients dont elles sont sûrs qu’ils rembourseront.

Dès lors la consommation des ménages, jusque là permise par le crédit, se raréfie et entraîne une crise de surproduction de l’économie réelle. De plus, certaines entreprises en difficulté ne trouvent plus de bouée de sauvetage auprès de leurs banques. Les faillites se multiplient, entrainant une hausse du chômage, donc de la consommation... Les États décident alors non seulement d’entrer au capital des banques pour reprendre leurs pertes, mais également de garantir les prêts interbancaires. Il s’agit d’une vraie prise d’otage : le contribuable doit financer les marchés pour éviter un arrêt total du crédit, la paralysie de l’économie et son effondrement en quelques mois. En 1929, le manque de réaction de l’État avait entrainé des faillites bancaires et, en chaine, une baisse de la production industrielle de près de 30% en 3 ans, jetant sur les routes 12 millions de chômeurs sans allocations chômage.

Le début de crise de l’économie réelle entraîne les craintes des investisseurs et la bourse continue sa dégringolade. Les entreprises cessent d’investir, compriment encore les salaires, licencient (d’autant plus facilement qu’on a dérégulé les marchés du travail), ce qui renchérit la baisse de la consommation - donc les difficultés de nombre d’entreprises, la solvabilité de clients des banques, donc les difficultés des banques, qui restreignent leurs crédits…. c’est l’effet domino du cercle vicieux d’une crise. On le voit, la crise économique risque de donner une seconde vie à une crise financière que l’on croyait avoir arrêtée par les plans de sauvetage massifs (700 milliards de dollars pour le plan Paulson aux États-Unis, 1700 en Europe dont 340 en France). En réalité, tout pousse au pessimisme.

Quelques exemples

Une vraie sortie de crise passe par l’application de deux principes :

* Les trois illustrations en pièce jointe sont extraites d’Alternatives Economiques, octobre 2008.


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3 (haut) & 1 (bas) [(|reduire_image{500,500})
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