La violence des riches

Mon résumé du livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

Un résumé et non une synthèse. Pour ceux qui n’aurait vraiment pas le temps de lire un livre qui offre une lecture du paysage français extrêmement claire et riche. Il y a plein d’exemples.

La violence des riches

Par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Situation : les Ardennes.
Montre comment les patrons voyous ou fonds de pension ont acheté les entreprise, délocalisé ou pillé les savoir-faire et mis les ouvriers au chômage.
Les patrons locaux sont traumatisés.
Les Ardennes sont devenus en 2007 la plus grande zone franche de France 362 communes (sur les 463 du département) en font partie.
Présentation des sociétés Dodu (poulets) et PSA : les politiques sont au courant et font comme s’ils découvraient. Avec les responsables des sociétés ils montrent avec quel mépris il considèrent les ouvriers.

En août 2011, 16 super riches propose une contribution exceptionnelle qui touche les contribuables français les plus favorisés. Cependant lorsque le gouvernement de François Hollande propose aux riches de faire un effort ils ne sont pas d’accord. Parce que ils veulent rester maître du jeu.

2. La délinquance des riches
La fraude à la sécurité sociale 20 milliards d’euros, dont 16 du au travail dissimulé, les allocataires fraudeurs 1 % seulement !
Estimation du manque à gagner du à l’évasion fiscale dans les paradis : entre 40 et 80 Mrds € par an. L’enquête OffshoreLeaks a montré l’ampleur des fonds gérés dans le secret et l’opacité. La manque à gagner en Europe : 1000 Mrds € par an.
Tout cela montre qu’au néolibéralisme correspond un individu sans morale ni principes. Mais il n’est pas hors-la-loi. Montre comment les riches détournent la règle et passe pour les victimes du système fiscal.
Avec Sarkozy :
- la dépénalisation du droit des affaires et des abus de biens sociaux.
- les pôles financiers des tribunaux en voie de disparition.
L’abandon de la politique pénale financière est totale : OCRGDF a transmis 60 plaintes au parquet, pas une seule ouverture d’informations.
Pourtant la colère gronde chez certains juges : appel du 28/6/2012 : « agir contre la corruption »

• Justice de classe et délinquance des pauvres. Montre la violence et l’humiliation des comparutions immédiates. Et la dérision des lieux chargés de symboles face à des jeunes à mille lieux de comprendre ce qui se passe. Chacun est conforté dans son rôle : la cour et les avocats (faire honnêtement leur travail, etc ) et le jeune délinquant.
Alors que dans le cas de quelqu’un qui a escroqué le fisc il est convoqué par celui-ci et il discute du montant de son amende.
Depuis peu sont venus s’y joindre des dispositions de plus en plus sévères pour contenir la contestation et la révolte des travailleurs devant les attaques systématiques au droit du travail.
Nous assistons à la criminalisation de la contestation sociale.
Les peines  encourues pour de petites casses sont disproportionnées. Les salariés deviennent coupables de sauver leur emploi. Et pourtant la violence vient bien des actionnaires et dirigeants d’entreprises.
La loi sur l’amnistie a été refusé par la majorité socialiste, et pourtant François Hollande avait promis de la faire voter.
Stéphane Richard a été mis en examen, il a dû faire face a un redressement fiscal portant sur 660 000 € etc. pourtant il occupe toujours des postes de très haute responsabilité. L’entre soi des beaux quartiers lui renverra toujours une image de responsabilités. la richesse et le pouvoir donnent un sentiment d’impunité largement confortée par la dépénalisation du droit des affaires.

3. L’oligarchie dans la France de François Hollande
Tout un réseau existe autour de François Hollande : certains ministres fréquentent les cercles des grands entrepreneurs et des cercles financiers. Des personnes proches de François Hollande ont travaillé avec Nicolas Sarkozy, sont devenus aujourd’hui directeur ou responsable de grandes banques d’affaires. La séparation des pouvoirs n’existe pas dans la classe dominante. La collusion entre les élites va de soi.
La contrepartie négative de ses relations réside dans la promiscuité avec un monde dans les enjeux vont influencer les choix politiques, dans lesquels les intérêts particuliers risquent toujours de l’emporter sur l’intérêt général.
En fait les socialistes sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, HEC, Sciences-Po.
François Hollande a collaboré à un ouvrage : « la gauche bouge » , dans lequel  est décrit la promotion du néolibéralisme. Ce livre n’apparaît plus dans sa biographie !
Nous pensons souvent que les Américains les Anglais ou les Allemands sont les seuls responsables de la mondialisation du commerce des affaires et de la finance. Mais les socialistes ont un rôle historique dans cette mondialisation libérale. Exemple : En 1988 Jacques Delors et son directeur de cabinet Pascal Lamy élabore la directive sur la libéralisation des mouvements de capitaux à l’intérieur de l’Europe. La BERD dont la présidence est confiée à Jacques Attali est chargée d’encourager les pays de l’est à privatiser leur économie.
• quelques mesure emblématique de la « deuxième droite »
Le « pacte budgétaire » ou règle d’or préparé par Nicolas Sarkozy a été signé par François Hollande.
Le « choc de compétitivité » et les 20 milliards offerts aux entreprises sans aucun contrôle quant à leur utilisation

MP et MPC proposent la déchéance de nationalité française pour ceux qui ne paient pas leur impôts en France.

Le PS a à peine écorner les privilèges des plus riches (impôts légèrement augmentés, les droits de succession légèrement modifiés, Très faible taxe sur les transactions financières). Pourtant il y a une mobilisation anti fiscale surtout les fronts. Celle-ci est un bon indicateur de la puissance des dominants.
Décisions de hollande :
- taxe sur les TF : en sont exclus CDS, et les transactions à haute fréquence
- scinder les banques en 2, la réforme ne concerne que 1% des revenues des banques.
- démantèlement du droit du travail : procédures de licenciement plus faciles et plus rapides, flexibilité, etc.

4. La domination dans les têtes.
Du fatalisme. parfois on se dit profitons du peu que nous avons car nous pourrions le perdre en affrontant les puissants. Nous savons les yachts, les palais les jets, etc. Le dévoilement des privilèges peut entraîner un changement d’attitude qui peut aller parfois jusqu’à la révolte.
Importance des médias et des agences de communication pour moduler les esprits (voir Serge Halimi) et arriver à :
- les riches : des créateurs de richesses.
- les travailleurs : des charges à réduire.
L’entrepreneur un bienfaiteur.
Le salarié une charge.
Dans le discours de la bourgeoisie le riche est toujours une victime et le travailleur un privilégié qui en veux toujours plus.
Toutes les entreprises du CAC 40 sont en relation les unes avec les autres par l’intermédiaire de leurs dirigeants qui siège dans leur conseil d’administration. Cela montre que l’indice CAC 40 est plus qu’un indice boursier c’est un espace social.
La moyenne des rémunérations des dirigeants des sociétés du CAC 40 a été en 2012 deux 2,3 millions d’euros. En fait ils décident entre eux (via les conseils d’administration) leur rémunération.

La publicité achète bien les cerveaux : 8 milliards de dépenses en 1997 et 32 milliards en 2011.
La corruption du langage.
Le chômeur devient le « sans emploi », l’allocation chômage l’allocation d’aide au retour à l’emploi etc. Orwell dans 1984 avait bien analysé la destruction des concepts par la nov. langue. Par exemple l’analyse des rapports de domination, des luttes, etc ne sera plus accessible, non par une interdiction quelconque mais par la non-compréhension car les cerveaux auront été manipulés.
La force du système : amener les salariés eux-mêmes à se contraindre : « c’est leur désir ».
Et à culpabiliser : voir Nestlé qui propose au plus de 50 ans de diminuer temps de travail et salaire pour embaucher un des enfants…

5. La mécanique de la domination.
La Boétie : « c’est le peuple qui s’asservit, il obéit et sert ceux qui le dominent ».
Pour MP MPC plutôt soumission involontaire.
Le droit est conçu par et pour les riches. Leur droit devient le droit.
Et les œuvres d’art ne sont pas comprises dans l’assiette de l’ISF.
D’où les passerelles entre ministres, députés et profession d’avocat. Il existe tout un arsenal de pratiques, héritages et réseau qui assurent la reproduction des positions sociale dominantes. Mais cela n’apparaît pas en pleine lumière de manière que la classe dirigeante est perçue comme le club des doués. En découlent des structures mentales différentes pour dominés et dominants. Ainsi les dominés pensent que dominants et leur experts des plateaux télé sont à la recherche des meilleures solutions.

A travers les donations aux fondations (qui font investir dans l’art, les musées, etc) dont 60% sont déductibles, c’est un véritable détournement de l’argent public. Et le public pourra dire merci pour la construction du musée (exemple musée d’art contemporain LVMH) !!
Autre exemple musée Jacquemard-André légué à l’institut de France et dont la gestion a été confiée à une filiale de GDF-Suez.

La violence sociale marque les corps, la gestuelle, les modalités vestimentaires. « Ils ont de la classe »  semble naturelle alors que c’est le produit de l’éducation. Voir impact de l’alimentation sur les corps : obésité 4 fois plus importante chez les bas revenus (900€) que les hauts (5300€). Le pauvre à toujours des stigmates négatifs non enviables.
Expérience des 2 classes lycée de Gennevilliers emmenées dans les magasins et hôtels des beaux quartiers de Paris. Ils ont compris les rituels et vécue la violence sociale. Pour que la violence symbolique soif efficace, il faut que les dominés soient intimidés par l’univers des dominants.

Les entreprises de plus de 1000 salariés ont dans leur conseil d’administration de 1 à 4 représentants du personnel. Cependant alors que les administrateurs exercent de multiples mandats, les représentants du personnel ne peuvent pas exercer d’autres mandats (syndicat, CHSCT, etc ). Ces derniers vivent vraiment les différences de classes (vêtements, langages, compréhension, etc ).

6. La ville comme champ de bataille.
Le quartier habité exprime et conforte l’être social et son identité de classe. Le rôle de ces lieux où enfants et adolescents expérimentent la vie en société est essentiel. Ils apprennent l’identité sociale les similitudes et les différences.
Il faut faire table rase de la mémoire ouvrière et faire oublier les luttes du passé. Par exemple : la « maison de la Mutualité » (avec ses 1789 fauteuils) est devenu « le palais de la mutualité » (avec 1740 fauteuils). La gestion en est confiée à un groupe privé.
Autre exemple la boboïsation des quartiers populaires de Paris.
Boulogne Billancourt bastion ouvrier a été rasé au profit de la culture savante musique art moderne cinéma etc. Bien sur tout cela est présenté comme devant rendre la culture accessible à tous.
Les classes populaires au niveau habitat sont isolées des classes aisées.  Voir les exemples de Marne-la-coquette et Neuilly ou les logements sociaux sont coincés entre l’autoroute la voie de chemin de fer.
En 1977 le passage de l’aide à la pierre c’est à dire a la construction , à l’aide à la personne, c’est à dire aux ménages en fonction de ressources à contribuer à la ségrégation.
Cela va amener aussi à l’image que les citoyens sont responsables de leurs conditions d’habitat.
Virage néo libérale en 1983, et mise en place d’une politique de la ville :  les institutionnels et les militants d’ailleurs ont transformé la classe ouvrière en problème de territoire : les banlieues, les quartiers, le péri urbain. Un rapport de la Cour des Comptes de juillet 2012 montre en effet que malgré les milliards d’euros de subvention les résultats n’ont pas bougé : taux de chômage dans ces quartiers double de la moyenne nationale, niveau de vie moyen des ménages inférieur de moitié à la moyenne nationale, etc. Dans les quartiers populaires tout est contrôlé par de nombreux dispositifs lancés au plus haut niveau de l’État (voir Manuel Valls) tout cela pour empêcher de voir les rapports de classe.
La discrimination positive : permettre aux étudiants des milieux défavorisés d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles. Ce processus permet d’instiller en douceur l’idéologie libérale au cœur des cités défavorisées et d’évacuer les problèmes d’une école au service de la reproduction sociales des classes moyennes et supérieures. Voir Frank Lepage.
Les choix politiques se reflète sur les quartiers. Il suffit d’analyser les résultats aux élections. On peut noter également les emplacements des QG de campagne des candidats.

Conclusion.
La classe dominante tente par tout les moyens idéologiques, politique et médiatique de transformer en ennemis les agents sociaux les plus pauvres. Pas en adversaire de classe mais on surnuméraire parasite néfaste au fonctionnement de la belle machine capitaliste. C’est une « fabrication de l’ennemi ». Il s’agit de faire perdre à l’ennemi de classe son identité sociale pour qu’il devienne un fraudeur ou un paresseux voir un terroriste ou un rouge.

A longueur d’éditoriaux il y a des dénonciations de dérive du « populisme ». Il n’y a pas la même énergie pour critiquer le « bourgeoisisme ».
La noblesse financière oligarchique a pris le contrôle de l’essentiel des forces politiques, à gauche comme à droite.
La pensée unique triomphe avec la coexistence de partis d’accord sur l’essentiel le marché libre, circulation des capitaux le moins d’état, le chacun pour soi.
Il faut un changement radical. L’idée de la perpétuation du système actuel ne pourrait déboucher que sur une déflagration mondiale.

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