La nouvelle géopolitique du pétrole

Par Ignacio Ramonet | 5 juin 2015

Dans quel contexte général s’esquisse la nouvelle géopolitique du pétrole ? Les Etats-Unis ont identifié la Chine comme la seule puissance contemporaine pouvant, à moyen terme (seconde moitié du XXIe siècle), rivaliser avec eux, et menacer leur hégémonie solitaire à l’échelle planétaire.

Washington a donc secrètement instauré, depuis le début des années 2000, une « défiance stratégique » à l’égard de Pékin.

Le président Barack Obama a décidé de réorienter l’ensemble de la politique étrangère américaine en fonction de ce paramètre principal. L’Amérique ne veut pas se retrouver dans la situation humiliante de la « guerre froide » (1948-1989) où elle dut partager l’hégémonie mondiale avec l’ « autre superpuissance », l’Union soviétique. C’est une théorie que les conseillers de M. Obama formulent ainsi : « Une seule planète, une seule superpuissance. »

En conséquence, Washington redéploie ses forces et ses bases militaires vers l’Asie de l’Est pour tenter de « contenir » la Chine. Celle-ci voit déjà, de fait, ses capacités d’expansion maritime bloquées par les multiples « conflits des îlots » avec la Corée du Sud, Taiwan, le Japon, le Vietnam, les Philippines... Et l’intimidante présence de la VIIe Flotte des Etats-Unis.

En parallèle, la diplomatie américaine renforce ses relations avec tous les Etats qui possèdent des frontières terrestres avec la Chine (à l’exception de la Russie). Ce qui explique notamment le rapprochement spectaculaire de Washington avec le Vietnam et la Birmanie.

Cette politique prioritaire de redéploiement vers l’Est et de contention de la Chine n’est possible que si les Etats-Unis parviennent à se désengager du Proche-Orient. Sur ce théâtre stratégique, Washington intervient traditionnellement sur trois champs :

Le champ militaire, parce que l’Amérique est impliquée dans plusieurs conflits, notamment en Afghanistan contre les talibans et en Irak-Syrie contre l’Organisation Etat islamique ;
Le champ diplomatique, en particulier à l’égard de la République islamique d’Iran dont Washington veut limiter l’expansion idéologique et empêcher l’accès de Téhéran à la puissance nucléaire ;
Le champ de la solidarité, à l’égard tout particulièrement d’Israël dont les Etats-Unis demeurent, en quelque sorte, le « protecteur de dernière instance ».

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