Virginie Martin : "Il faut porter un discours alternatif global à celui du FN"

Pour Virginie Martin, politologue et fondatrice du Think Tank Different, 
face au « trouble civilisationnel » 
sur lequel joue le FN, 
la gauche doit assumer une réponse reposant sur les notions 
de cosmopolitisme 
et d’hybridation.

Pour vous, les soubassements 
du vote Front national 
ne sont pas principalement d’ordre économique 
et social mais ils sont aussi d’ordre « culturel »…

Virginie Martin.
Il peut y avoir dans le vote FN une dimension de désespoir. Mais, en définitive, l’ensemble des politiques, et la gauche en particulier, ce qui est plus affolant pour moi, continue de dire que si l’on résolvait les problèmes économiques, on finirait par résoudre le problème du vote FN. Comme s’il y avait une sorte d’effet mécanique : je mets le Smic à 4 000 euros et le vote FN disparaît… Cette explication économique, que j’appelle postmarxiste, ne fonctionne pas. Pourquoi cet élément de langage commun à toute la gauche ? Est-ce pour se rassurer ? Est-ce pour rester «  politiquement correct  » puisque tout le monde est opposé au chômage ?

Selon moi, ce qui fait le vote FN, c’est le «  trouble civilisationnel  ». Mais si l’on parle de cela, on va devoir ouvrir une boîte de Pandore. Du coup, la question économique apparaît plus simple. Affirmer qu’il s’agit d’un «  trouble civilisationnel  », ce n’est pas l’approuver, c’est le constater. Il est là, il existe. Une fois que l’on a enlevé le chômage, l’Europe, la peur de la mondialisation, le plus petit dénominateur commun du vote FN, c’est toujours le culturel et le cultuel lié à l’islam. Il faut poser le bon diagnostic. D’un point de vue électoral, c’est certes compliqué à assumer. Le côté internationaliste du PC et du Parti de gauche a d’ailleurs fait fuir nombre d’ouvriers. Mais il est ridicule de continuer à dire aux électeurs FN : «  Non, ce que vous voyez n’est pas vrai.  »

Une fois posé ce « bon diagnostic », quelle prescription proposez-vous ?

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