Référendum sur la privatisation du Groupe ADP : « Une bataille est engagée, nous signons et nous ferons signer » Tribune dans Le Monde du 11 juin 2019

jeudi 13 juin 2019

Dans une tribune au « Monde », seize personnalités, dont le député LFI François Ruffin et la militante écologiste Claire Nouvian, suivies par une centaine d’autres signataires, réclament « une épidémie de pétitions ».

Un long chemin avant un référendum

Le dispositif de recueil des signatures pour le référendum d’initiative partagée (RIP) contre la privatisation du groupe ADP (Aéroports de Paris) doit être présenté le 13 juin par le ministère de l’intérieur. Ce dispositif sera ouvert pendant 9 mois. Les promoteurs du référendum doivent recueillir le soutien de 10 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, soit 4 717 396 Français, a précisé le Conseil constitutionnel dans sa décision du 9 mai, validant la proposition de loi référendaire déposée le 10 avril par 248 parlementaires de tous bords politiques.

Si le nombre de signataires est atteint, le Parlement devra, dans un délai de 6 mois, se prononcer sur cette proposition de loi. Si l’Assemblée nationale et le Sénat mettent tous deux ce texte à leur ordre du jour, le référendum n’aura pas lieu. Mais si une seule des deux chambres se prononce, ou aucune d’entre elles, alors le président de la République sera tenu de l’organiser. La privatisation d’ADP, dont le capital est détenu à 50,6 % par l’Etat, a été adoptée par le Parlement le 11 avril lors du vote de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), promulguée le 22 mai.


Tribune. C’est maintenant à portée de main : un référendum, enfin. Un référendum sur la vente de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). Un référendum pour ne pas laisser ce trésor à Vinci, qui a déjà emporté nos autoroutes. Un référendum, surtout, sur l’avenir : l’avenir que nous refusons, l’avenir que nous désirons.

D’emblée, le premier ministre, Edouard Philippe, s’est étranglé : « Cela pose un vrai et grave problème démocratique ! [...] Cela créerait une situation dangereuse ! » Ils suffoquent, lui, les autres. Car ce n’est pas la question, seulement, des aéroports de Roissy, d’Orly, qui est soulevée. Cela va bien au-delà. C’est l’occasion d’un coup d’arrêt, d’un « non » franc et massif, d’un désaveu géant : nous ne voulons plus du monde qu’ils incarnent, qu’ils promeuvent.

Des mots cadavres

« Concurrence », « croissance », « compétition », « déficit », « mondialisation »… Ces mots nous sont répétés pour vendre les aéroports. Ces mots nous sont répétés depuis quarante ans pour vendre à la découpe le gaz, l’électricité, la santé et bientôt les retraites. Ces mots nous sont répétés comme des mantras, pour guider la société et nos existences. Ces mots sont désormais des mots cadavres. Nous n’y croyons plus. Nous n’en voulons plus : ils creusent notre tombe écologique. Nous aspirons au contraire à la coopération, à l’entraide, à placer les humains et la planète avant les chiffres, il en va de notre survie commune.

« Pour nous, la démocratie, c’est la reprise en main de notre destin commun »

Car le premier ministre a bien raison : c’est la « démocratie » qui est en jeu. Pour lui, pour eux, la démocratie, c’est quand ils s’arrangent en famille, quand ils confient les bijoux de l’Etat à leurs amis, et qu’ils en retirent des prébendes et des dividendes. La voilà, la démocratie qu’ils apprécient : la démocratie sans le peuple ! Ni dans la rue, ni sur les ronds-points, ni dans les urnes. Ou alors, une fois tous les cinq ans. Et entre-temps, circulez, braves gens ! Pour nous, au contraire, la démocratie, c’est la reprise en main de notre destin commun. Et il faut bien commencer par un bout, même petit : alors allons-y par le bitume des aéroports de Paris. Avant de passer à nos écoles, nos champs, nos hôpitaux, nos tribunaux, nos forêts…

Maintenant, une bataille est engagée. Nous, nous signons. Surtout, nous ferons signer, parmi nos collègues, dans les bureaux, dans les associations, dans les usines, dans les facultés, à la Fête de la musique et à la Fête des voisins, dans les vestiaires du club de foot et dans les colloques universitaires. Et cette belle bataille, populaire, démocratique, nous invitons à la mener ensemble, tous ensemble, par-delà les chapelles et les querelles, les « avec gilet » et les « sans gilet », les encartés et les non-encartés, les syndiqués et les non-syndiqués, unis dans une action. Unis pour produire une contagion de signatures, une épidémie de pétitions, et qu’on parvienne aux 4,7 millions. Aux stylos, citoyens ! Marchons ! Signons !

Les 16 premiers signataires : Daniel Bertone, secrétaire général CGT d’ADP ; François Boulo, avocat « gilets jaunes » ; Dominique Bourg, philosophe ; Pauline Boyer, porte-parole d’Alternatiba ; David Cormand, secrétaire national de EELV ; Anny Duperey, comédienne ; Annie Ernaux, écrivaine ; Sébastien Jumel, député PCF ; Guillaume Meurice, humoriste ; Claire Monod, coordinatrice nationale de Génération.s ; Claire Nouvian, cofondatrice de Place publique ; Michel Onfray, philosophe ; Patrick Pelloux, médecin urgentiste ; François Ruffin, député LFI ; Marie Toussaint, eurodéputée EELV, initiatrice de « L’Affaire du siècle » ; Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac.

Pour accéder à la liste complète des signataires, cliquer sur ce lien : www.nous-signons.org

Collectif
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