Peur du dialogue,ou dialogue de la peur ?

Le président Chirac :Jeunes gens, je sens une inquiétude dans les questions que vous posez, mais elle est sans fondement : le projet de constitution ne comporte pas de logique libérale et vise à bâtir une Europe politique en face de l’Europe économique existante ;

...un jeune : Jacques Delors avait fait la même promesse il y a 13 ans...et les articles I/3 et I/4 du projet instituent de façon irréversible un marché ouvert où la concurrence est libre et non faussée,et la libre circulation des capitaux, personnes, biens et services , le droit d’établissement...

Le Président : Allons, allons n’ayez pas peur...

Un autre jeune : Monsieur le Président, l’Article III/148 stipule que « les états membres s’efforcent de procéder à la libéralisation des services au- delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de la loi-cadre européenne....

.Le Président : Eh bien.... ?

Jeune suivant : Monsieur le Président, l’article III/156 « interdit les restrictions aux mouvements de capitaux ainsi qu’aux paiements entre pays membres et pays membres et pays tiers...

Le Président : jeune homme, le libéralisme, ce n’est pas cela ; celà, c’est la liberté ! ; je vous répète : le projet obéit à des valeurs sociales ;

Jeune suivant : le droit au travail garanti par notre constitution de 1948 est remplacé dans la charte par le droit de travailler, ;et mon droit de travailler si les entreprises n’embauchent plus, ou si l’état sabre dans les effectifs de la fonction publique ?

le Président : le Marché créera autant d’emplois que nécessaire ;

Le même jeune : on vit depuis des décennies sous la loi du marché et pour ce qui est de la création d’emplois...

.Le Président : Il faut être patient, jeune homme : les mécanismes du marché donnent d’excellents résultats, mais pas à court terme ;

un étudiant en économie : Keynes avait répondu à cela : « à long terme, nous serons morts... »

Le Président : vos craintes n’ont aucune raison d’être ; le projet de constitution permettra de mettre en place l’Europe sociale ;

Une jeune fille : malgré l’article III/171 qui exclut de l’harmonisation dans le domaine des lois sociales et de la fiscalité ?

le Président : Mademoiselle, vous me semblez faire partie des initiés qui ne m’intéressent guère ; moi je débats avec le peuple ;

La même : pour avoir l’honneur de votre écoute, il ne faut donc pas savoir ni comprendre ?

Le président : oh ! mademoiselle...voyons !

Une copine : ce refus d’harmonisation m’inquiète, surtout assorti du droit d’établissement, Monsieur le Président ;

Le président : mais pourquoi, mademoiselle, dites- moi donc...
je pense à la Directive Bolkestein dont Monsieur le Président du conseil de l’U.E., J.Cl Juncker, a dit qu’elle ne pouvait être retirée , malgré ce que vous-même et les oui socialistes et écologistes aviez annoncé.

Le président : Eh bien, admettons qu’entre les propos du Président du conseil européen et les miens, il y a un certain déphasage....c’est sans grande importance ;

N.ème jeune :je suis favorable à la concurrence loyale et voudrais être chef d’entreprise ; mais peut-on parler de concurrence libre et non faussée quand est interdite l’harmonisation fiscale et celle des lois sociales, donc des charges des entreprises ?

Le Président : Monsieur, un vrai chef d’entreprise doit savoir prendre des risques. Et puis s’ouvre à vous la Pologne, l’Estonie, l’Irlande Chypre : partez donc là-bas ;

Le futur chef d’entreprise : avec mes salariés français dans ma valise ?

Le Président : Monsieur, ayez à l’esprit le propos de l’homme qui doit être votre guide, le baron Sellières : « On ne peut mener la guerre économique avec les yeux rivés sur l’infirmerie ».

Ecore un jeune : Monsieur le Président vous dites que le projet équilibrera l’Europe économique par une Europe politique ; que penser de l’équilibrage promis après lecture de l’article I/30 paragraphe 3 : » La banque centrale est indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs et la gestion de ses finances. Les institutions organes et organismes de l’Union et les gouvernements des pays membres respectent cette indépendance ».

Le Président : ce sera la Loi si le projet est adopté ; il faudra s’y soumettre ou sortir de lU.E. : on peut.

un militant altermondialiste : Et ceux qui veulent l’Europe mais pas la vôtre ?

Le président : votre victoire ferait de la France le mouton noir de l’Europe ; la construction européenne serait bloquée, et le chaos institutionnel suivrait votre victoire !

Dernier intervenant : article 19 du traité de Nice actuellement en vigueur : le traité est conclu pour une durée illimitée : donc votre chaos institutionnel est une billevesée ; quant à la mise en garde contre l’isolement de la France, elle relève de la lecture dans le marc de café et oublie que le peuple allemand ne sera pas consulté,mais qu’il fera savoir ce qu’il pense de Schroeder et ce qu’il veut si le non gagne chez nous. Vous vouliez nous rassurer, Monsieur le Président, et vous voici d’un coup déguisé en épouvantail. Nous n’avons pas peur, Monsieur le Président : ce sera NON.
R.G.