11 novembre ... les femmes dans la guerre

, par JN

En historien, André vous dira que les civils n’ont pas toujours été des cibles durant les guerres ; mais il vous dira également qu’ils le sont devenus en ce 20ème siècle de guerres mondiales. Quand nous disons civils, il s’agit de ceux qui n’ont pas été enrôlés dans les armées ; et parmi ces civils, les femmes se trouvent au premier rang, accompagnées des enfants ou des vieux, ou encore des animaux ; Serge Joncour, dans son roman « Chien-loup », nous offre une réflexion à ce sujet,.
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« Aout 1914
Ce samedi 1er aout 1914, les hommes croyaient ne déclarer la guerre qu’aux hommes, pourtant ce n’est pas seulement une marée d’êtres humains qu’on envoya à la mort, mais aussi des millions d’animaux... Cette affiche de mobilisation qui dormait depuis des années dans les tiroirs des mairies, il aura suffi de la placarder sur tous les murs de France, d’y inscrire une date dans la case prévue à cet effet, pour qu’aussitôt, des flots entiers de maris, de pères et de fils se ruent dans les trains, afin de massacrer des flots entiers de maris, de pères et de fils, désignés comme ennemis...

Octobre 1914
Partout les corps étaient malmenés. A l’arrière, à des kilomètres du front, il y avait les corps épuisés des femmes, des corps éreintés par l’angoisse et les restrictions, des corps harassés de paysannes et d’enfants, travaillant dans les usines ou dans les champs, des corps plus ou moins solides de femmes se harnachant pour tirer l’araire, prendre la place des bêtes de somme envoyées sur le front ; les corps ne s’appartenaient plus ; on en faisait don, à l’absence ou à la patrie.
A l’automne, les femmes comprirent que les hommes ne seraient pas revenus pour les travaux d’hiver ; ce serait donc à elles de couper le bois, et de nettoyer les fossés, à elles de réparer les chemins ravinés par les pluies et de débourrer les gouttières. Les hommes il ne faudrait pas non plus les attendre pour curer les fosses et réparer les cours … ; là encore les corps des femmes et même ceux des vieillards durent se hisser au-dessus de leurs forces. »
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Lors du débat qui suivit la diffusion récente, sur la chaîne parlementaire, d’un documentaire de Jérôme Prieur, sur les monuments aux morts, les invités et l’animateur faisaient remarquer le peu de présence des femmes sur ces monuments.
Vivantes, elles n’y apparaissent le plus souvent qu’en tant qu’épouses ou mères des défunts, ou mères de leurs enfants ; en quelque sorte simples spectatrices éplorées de l’héroïsme des hommes.
Et pourtant, bien qu’éloignées des bruits du canon et de la boue des tranchées lors de cette première guerre mondiale, elles lui ont tout de même payé un lourd tribut ; mais aujourd’hui, même cette très relative protection a disparue ; les prétendues lois de la guerre, susceptibles de protéger les civils, sont bafouées au quotidien. Je ne pense pas utile de vous indiquer vers quelles directions tourner vos regards pour confirmer ce propos !