11 novembre... les victimes civiles

, par JN

En 1918, parmi les soldats survivants revenus du front, une idée s’est répandue : Plus jamais ça ! Cette guerre serait la dernière, la Der des Der ! Plus d’un siècle est passé et que voit-on : en Ukraine de nouveau des soldats dans des tranchées sous le feu des canons. Une guerre atroce ensanglante la Palestine. Sans parler des autres conflits, au Yémen, au Sahel, au Congo au Soudan et ailleurs. L’attaque du Hamas le 7 octobre massacrant des civils sans défense, femmes vieillards enfants compris est une abjection. Les représailles monstrueuses de l’ Ètat d’Israël en sont une autre 11 000 morts, presque tous civils, après un mois de bombardements ininterrompus sur un territoire de 40 km de long sur 10 de large avec plus de deux millions d’habitants à l’intérieur. L’Ètat d’Israël maintient par ailleurs depuis 56 ans la Cisjordanie sous occupation militaire et s’emploie à spolier progressivement ses habitants des terres qui leur appartiennent et à les priver d’un Ètat auquel ils ont droit selon les résolutions de l’ONU. Résolutions bafouées depuis toujours avec la complicité des Etats-Unis et des gouvernements occidentaux. Rien n’excuse les atrocités commises depuis le 7 octobre. Les crimes des uns ne justifient pas les crimes des autres et réciproquement. Le crime de guerre s’est banalisé. Les Poilus pensaient que les horreurs qu’ils avaient connues seraient indépassables. Eh bien non. Moins de vingt ans plus tard, lors de la 2ème guerre mondiale, elles ont été, aussi, infligées aux civils. En 14-18, les civils furent dans l’ensemble, tenus à l’écart des combats. Cette relative modération vola en éclats. L’armée japonaise et la Wehrmacht tuèrent délibérément des civils désarmés. L’aviation, permit de bombarder les villes loin à l’intérieur du territoire ennemi. Les Allemands commencèrent en 1938 à Guernica, puis à Varsovie, Rotterdam, Londres et d’autres villes anglaises. De son côté, la Royal Air Force, par des raids nocturnes de plusieurs centaines d’avions, bombarda systématiquement les villes allemandes. On ne visa pas seulement les zones industrielles, mais les quartiers d’habitation et les centre-ville, causant la mort de 600 000 personnes. Les américains firent de même sur les villes japonaises : rien qu’à Tokyo, en une seule nuit, 100 000 morts dans l’incendie de la ville, et pour finir, Hiroshima et Nagasaki. En Union Soviétique, la terreur stalinienne se tourna contre sa propre population et la guerre venue, le NKVD assassina des prisonniers de guerre à Katyn.. Si l’armée soviétique ne programma pas de massacres de civils, elle couvrit ceux qui purent se produire localement et toléra le viol de centaines de milliers de femmes, peut être plus d’un million, en Pologne et en Allemagne. « Il faut bien que les soldats prennent un peu de bon temps ! » avait répondu Staline à un journaliste qui l’interrogeait à ce sujet.

Après la seconde guerre mondiale, lors des guerres coloniales et des innombrables conflits qui ont ensanglanté l’Afrique et l ’Asie, ce sont les civils, souvent délibérément visés, qui ont subi et de loin, les plus lourdes pertes. L’abjecte attaque du Hamas et les représailles aveugles de l’armée israélienne sont un chapitre de plus à une longue série de crimes de guerre.Et ce n’est pas tout. Le 20ème siècle a été celui des génocides : 1915 les Arméniens 1,4 millions de morts, la Shoah 6 millions, les Tutsis, 800 000 morts dans un pays de seulement 6 millions d’habitants.Ces génocides ont tous été décidés, planifiés, organisés par des gouvernements et exécutés par des armées, des polices et même des civils en particulier au Rwanda... Et que dire de la dissuasion nucléaire qui consiste explicitement à prendre en otage la population civile de l’adversaire. Dans les sous-marins français qui patrouillent en permanence, il y a des missiles programmés pour détruire Moscou et des villes russes. Dans les sous-marins russes, il y a des missiles programmés poà ur détruire Paris et des villes françaises, peut être Bourges qui est un centre de production d’armement et de fabrication de missiles. Les puissances nucléaires, il y en a neuf actuellement, sont persuadées que leurs propres armes les protégeront de celles des autres. Vision à court terme. S’il est vrai que l’équilibre de la terreur fonctionne depuis près de trois quarts de siècle, qui peut raisonnablement penser qu’il en sera toujours ainsi, indéfiniment. Cet équilibre est fragile, précaire, à la merci d’un concours de circonstances, d’un accident, de la folie d’un homme. Le désarmement, en commençant par les armes nucléaires, chimiques, biologiques, est une nécessité vitale pour l’humanité. Pour qu’il soit effectif et définitif, il faut que tous les Ètats soient concernés, tous, quelle que soit leur puissance. Et qu’il soit garanti par une agence internationale, indépendante des Ètats et dotée de pouvoirs d’investigation et de contrôle universels. On en est loin, très loin. Et ça ne viendra pas tout seul. Il faudra pour cela la pression constante et opiniâtre des citoyens ainsi que l’éducation à la paix des jeunes. D’aucuns diront que c’est une utopie. Oui, c’est une utopie parce que l’utopie, c’est comme une petite lumière qui brille dans la nuit. Elle paraît très lointaine et inaccessible, mais c’est elle qui donne la direction à suivre et le but à atteindre. Afin que le rêve des Poilus, la Der des Der, devienne un jour, enfin, une réalité.