Il y a 70 ans, Manouchian !

(actualisé le ) par Attac pays d’Arles

Vingt et Trois qui donnaient leur coeur avant le temps

Il y a 70 ans, le 21 février 1944 au matin, 22 des 23 résistants arrêtés du groupe Manouchian, combattants parisiens au sein des FTP - MOI tombaient sous les balles nazies au Mont Valérien. [1].

La 23ème, la résistante Olga Bancic, était transférée en Allemagne. De nouveau jugée et condamnée à mort à Stuttgart, elle sera décapitée le 10 mai 1944.

"Juifs polonais", "Espagnol rouge", "communiste italien", "Arménien chef de bande", disait l’Affiche placardée pour la circonstance. 3 étaient Français, 1 était Espagnol, 5 étaient Italiens, 2 étaient Arméniens, 3 étaient Hongrois, 8 étaient Polonais, Olga Bancic était Roumaine. Certains étaient Juifs, d’autres non.

Alors que le racisme et la xénophobie rongent aujourd’hui la France et une grande partie des pays, les héros de l’Affiche Rouge se battaient au nom de principes universels toujours actuels : le refus de la barbarie nazie, cette expression criminelle, l’affirmation de la nécessité d’une solidarité internationaliste que certains avaient déjà mise en pratique au cours de la Guerre d’Espagne, l’exigence enfin de l’émancipation de l’humanité, de paix et de justice pour tous.

Plus que jamais, les 23 du Groupe Manouchian, les Hommes de l’Affiche Rouge, éclairent notre combat.

Ci-dessous, ce poème d’Éluard pour éclairer votre matin :

Légion

Si j’ai le droit de dire en français aujourd’hui
Ma peine et mon espoir, ma colère et ma joie
Si rien ne s’est voilé définitivement
De notre rêve immense et de notre sagesse

C’est que des étrangers comme on les nomme encore
Croyaient à la justice ici bas et concrète
Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie

La liberté d’un peuple oriente tous les peuples
Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes
Et qui se refuse à son cœur sait sa loi
Il faut vaincre le gouffre et vaincre la vermine

Ces étrangers d’ici qui choisirent le feu
Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours
Un soleil de mémoire éclaire leur beauté
Ils ont tué pour vivre ils ont crié vengeance

Leur vie tuait la mort au cœur d’un miroir fixe
Le seul vœu de justice a pour écho la vie
Et lorsqu’on n’entendra que cette voix sur terre
Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés.
Et ce sera justice.

Notes

[1Merci "Vévé de Marseille" pour cet article