Appel Notre dame des Landes : Des intellectuels pour un véritable débat public
Appel paru dans l’édition du 5 décembre 2012 du journal Libération
http://appel-nddl.blogspot.fr/2012/11/appel-notre-dame-des-landes.html
Dans la manifestation calme et déterminée du 17 novembre à Notre-Dame-des-Landes, une inscription sur un panneau noir de fortune exprimait une tristesse et une inquiétude : « Notre-Dame-des-Landes, la démission des clercs ».
Ainsi interpellés, nous voulons par cette déclaration affirmer notre solidarité de « clercs » et notre présence aux côtés de ceux qui opposent une résistance à cet aéroport désormais considéré comme insensé par une part grandissante de la population et par des experts qui ont du mal à cacher leurs doutes.
Le déchaînement de la violence contre les personnes et le saccage des terres et des constructions ne sont pas la réponse du droit : ils sont la réponse d’une force aveugle face à des occupants non violents et désarmés.
Nous demandons au gouvernement d’écouter ces autres « mondes »,
ceux des paysans, des occupants de la zone, des milliers de manifestants, qui ne s’expriment pas au nom de leurs intérêts privés mais au nom d’une conscience nouvelle, d’une responsabilité partagée face à la crise énergétique, à la crise climatique, à la crise alimentaire, à la crise sociale et financière.
La résistance à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas un « kyste », elle est le symbole d’une crise de civilisation, d’un basculement possible des consciences sur lequel il est nécessaire de s’appuyer plutôt que de le combattre pour avoir quelque chance de mener à bien et de manière démocratique les transitions qui s’imposent. Si le projet de cet aéroport a été conçu en 1967 dans un monde qui n’est plus, si les forces déployées pour le défendre rappellent quelques tristes moments de notre histoire passée, les alternatives proposées par les occupants dessinent des chemins pour un avenir partagé. Le gel des terres pendant quarante ans a conservé un patrimoine commun, ailleurs détruit, qu’il serait criminel de livrer aux appétits privés.
Nous pensons pour notre part que ce projet doit être abandonné, et nous demandons au gouvernement d’accepter un véritable débat public, qui ne soit pas du semblant, afin de faire de cette zone et de ce problème un laboratoire de tous les débats qu’il va nous falloir mener au plus vite sur toutes les transitions industrielles, énergétiques et agricoles urgentes qui nous attendent.
Premiers signataires
Sylvie Agard
Monique Allard, professeur
Geneviève Azam, économiste Université Toulouse II
Adda Bekkouche, juriste
Nicolas Beniès, économiste
Jacques Berthelot, agronome
Claudine Blasco, ingénieure en chef de l’aviation civile
Martine Boudet
Omar Brixi, enseignant et consultant en santé publique
Alain Caillé, professeur émérite de sociologie, université Paris Ouest— Nanterre-la-Défense
Claude Calame, historien, directeur d’études à l’EHESS
Michel Capron
Bernard Cassen, professeur émérite de l’Université Paris VIII
Christian Celdran, administrateur civil honoraire
François Chesnais, économiste
Denis Clerc, fondateur d’Alternatives économiques
Pierre Concialdi, économiste
Antonella Corsani, économiste
Jacques Cossart, économiste
Pierre Cours-Salies, professeur à l’université Paris VIII
Thomas Coutrot, économiste
Marc Dufumier, agronome, AgroParisTech
Jean-Pierre Dupuy, professeur, Université de Stanford et professeur émérite à l’École polytechnique
Marie Duru-Bellat, sociologue, Sciences Politiques, Paris
Cédric Durand, économiste à l’université Paris XIII
Mireille Fanon Mendès-France, experte à l’ONU
Fabrice Flipo, maître de conférences en philosophie, Telecom & Management SudParis
Jean Gadrey, professeur émérite à l’Université de Lille I
Laurent Garrouste, inspecteur du travail
Susan George, écrivain ;
Jérôme Gleizes, enseignant à l’Université Paris XIII
Roland Gori, professeur de psychologie et de psychopathologie cliniques
Nicolas Haeringer, membre du comité de rédaction de la revue Mouvements
Jean-Marie Harribey, économiste à l’Université Bordeaux IV
Gérard Gourguechon, syndicaliste
Marc Humbert, professeur de sciences économiques à l’université de Rennes ;
Michel Husson, économiste
Hugues Jallon, éditeur, écrivain
Florence Jany-Catrice, professeur de sciences économiques à l’université Lille I
Esther Jeffers, économiste à l’Université Paris XIII
Raoul-Marc Jennar, essayiste
Samy Johsua, Professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille
Pierre Khalfa, membre du CESE
Cécile Kovacshazy
Dany Lang, maître de conférences en économie
Christian Laval, professeur de sociologie à l’université Paris Ouest-Nanterre-la-Défense
Jacques Lerichomme, conseiller régional PACA
Marc Mangenot, économiste
Sophia Mappa, historienne et sociologue, chercheuse à l’Université Paris Est-Créteil, consultante internationale
Christiane Marty, ingénieure
Gustave Massiah, économiste
Antoine Math, chercheur à l’IRES
Caroline Mécary, avocate
Dominique Méda, professeur de sociologie à l’université Paris IX-Dauphine
Georges Menahen, économiste-sociologue
Philippe Mühlstein, ingénieur et syndicaliste
Frédéric Neyrat, sociologue à l’Université de Limoges
Florence Palpacuer, professeur à l’université de Montpellier
Alfredo Pena-Vega, directeur scientifique de l’Institut international de recherche, politique de civilisation (IIRPC), chercheur associé au Centre - - ---- Edgar Morin ;
Dominique Plihon, professeur à l’Université Paris XIII
Patrick Ramonatxo, Psychiatre
Daniel Rome, militant altermondialiste
Juan Roy de Menditte, philosophe
Valérie de Saint-Do, journaliste, Paris
Jean-Claude Salomon, médecin retraité
Catherine Samary, universitaire
Claude Serfati, économiste
Henri Sterdyniak, économiste à Sciences-Po Paris
Roger Sue, professeur de sociologie à l’université Paris V-Sorbonne
Jacques Testart, directeur de recherche honoraire à l’INSERM.
Jean Tosti, professeur
Éric Toussaint, président du CADTM Belgique
Aurélie Trouvé, économiste
Jean-Luc Vessy, directeur des Éditions du Bord de l’eau
Jérôme Vidal, coordinateur éditorial de La Revue des livres
Jacques Woda, ingénieur retraité