Après le Brexit, refaire l’Europe Par Catherine Tricot | 24 juin 2016 dans Regard

dimanche 26 juin 2016

Le Brexit marque une énième faillite de la construction européenne, devenue confiscation européenne. Une nouvelle idée de l’Europe s’impose : celle des origines de ce rêve, celle des peuples.

Les Britanniques, jeunes et vieux confondus, ont participé massivement au référendum imposé à David Cameron. Ils ont voté "leave" à 52%. Ils ont choisi la sortie de l’Union au terme d’une campagne exceptionnellement dure, voire violente. Cette campagne a été l’occasion d’entendre des discours xénophobes que l’Angleterre avait enfouis depuis les années 30. Contrairement au vote français de 2005, les voix de la contestation de la construction européenne ont pris des chemins de droite, d’extrême droite souvent. La gauche anglaise n’a pas trouvé les mots pour donner un sens progressiste au refus de cette Europe ; elle n’a pas non plus su porter un discours de refondation européenne qui rencontre la colère de son peuple. Cette gauche sort encore un peu plus affaiblie.

Mais les Britanniques ont-ils eu d’autres façons de dire que cette Europe-là ne leur va pas ? La surdité des pilotes de l’Europe, conduit l’UE dans le mur à grande vitesse. Du nord au sud de notre continent, à chaque fois que les peuples sont consultés ils disent "non". Non au chantage comme en Grèce. Non au libéralisme comme en France. Et partout non à la remise en cause de la promesse démocratique. Va-t-on leur dénier ce droit ? Va-t-on longtemps cultiver ce paradoxe que l’extrême droite demande de consulter les peuples et que les "sages" responsables, les tenants de la bonne "gouvernance", les dirigeants européens "raisonnables" s’exclament en cœur que laisser le peuple s’exprimer est du "populisme" ?
Revenir au rêve européen

L’idée européenne est ancienne. Mais elle a été confisquée, trustée et pervertie. Elle n’était pas un rêve de commerce, mais d’échange et de paix, de démocratie et de respect. L’idée européenne, celle-là-même qu’exprime la devise "Unie dans la diversité", se disait une perceptive de commun. Mais le commun est devenu le marché commun. Et l’union est devenu le marché unique : tout ou presque s’est réduit au marché. Aux foules sentimentales il fut répondu concurrence et équilibre budgétaire. "TINA", There Is No Alternative, est devenu le prénom de l’Europe

L’idée que nous nous faisons de l’Europe est plus profonde. Elle ne remonte pas à la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Elle ne débute pas avec le traité de Rome de 1957. Elle n’a jamais été réductible au Marché commun. Notre idée européenne s’ancre dans les rêves partagés de liberté, d’égalité et de paix. Si Victor Hugo et tant d’autres se sont enthousiasmés hier, ce fut pour une grande idée, pas pour une administration tatillonne.

La première révolution moderne est venue précisément de l’Angleterre et elle porta haut les idéaux de liberté. L’Europe s’est empourprée lors de la Révolution française et une espérance d’égalité balaya le continent. Cette Europe est dans la mémoire des peuples et de chacun de nous. C’est sur ces legs que doit se bâtir un nouveau projet européen.
Libéralisme, bureaucratie, autoritarisme

Et pour cela, il faut rompre en Europe et dans chaque pays avec ce qui nous enserre au point de nous rendre malades. En Europe et dans chaque pays, il faut se dégager du carcan des traités européens qui, au prétexte d’économie, empoisonnent les âmes. L’austérité est la vérité du libéralisme contemporain. La "gouvernance" a pour nom commun bureaucratie et autoritarisme. Le rêve de paix se transmue en engrenages de guerre, en promesse d’armées intégrées et "dronéisées". Notre humanité s’abime en Méditerranée, devenue un morbide cimetière.

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