TTIP, ôtez vos pattes de notre nourriture ! 1er mars par Esther Vivas

jeudi 5 mars 2015

Un nouveau tour de vis vient d’être donné aux politiques agroalimentaires en Europe. Il s’agit du Traité de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (UE), plus connu sous le nom de TTIP (son sigle en anglais pour Transatlantic Trade and Investment Partnership), l’ombre grandissante de l’agroalimentaire qui s’étend des champs à l’assiette. Comme des vampires assoiffés de sang, les multinationales du secteur attendent pour se sucrer, et ce beaucoup, grâce à ces nouvelles mesures de libéralisation commerciale.

Mais en quoi consiste le TTIP ? Il s’agit d’un traité négocié en secret durant des mois, divulgué au public, attendant l’approbation du Parlement européen, bénéficiant d’une campagne marketing en cours et qui a pour objectif final d’harmoniser à la baisse les législations des deux côtés de l’Atlantique, au seul profit des grandes entreprises. Ses conséquences : plus de chômage, plus de privatisations, moins de droits sociaux et environnementaux. En définitif, il apporte sur un plateau nos droits au capital.

Et en ce qui concerne l’agriculture et l’alimentation ? Les entreprises du secteur, des sociétés de semences en passant par l’industrie de la biotechnologie, des boissons, de l’élevage, de l’alimentaire, ou encore du fourrage… sont celles qui ont le plus fait pression en sa faveur, dépassant même le lobby
pharmaceutique, de l’automobile et financier. L’enjeu est important pour les multinationales comme Nestlé, Monsanto, Kraft Foods, Coca Cola, Unilever, Bacardi-Martine, Cargill, entre autres. Sur les 560 réunions consultatives de la Commission européenne pour l’approbation dudit traité, 92% ont été réalisées avec des groupes d’entreprises, le restant avec des collectifs d’intérêt public, comme l’indique un rapport du Corporate Europe Observatory.

Si le Traité de libre échange entre les États-Unis et l’Union européenne devait être approuvé, quels impacts aurait-il dans nos assiettes ?

Plus d’OGM

Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.

• Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.

• Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.

• Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
(Organismes Génétiquement Modifiés)

L’entrée massive des OGM en Europe sera une réalité. Bien qu’aujourd’hui nous importons déjà un nombre considérable d’aliments transgéniques - je pense en particulier pour le bétail et à beaucoup de produits transformés contenant des dérivés
du soja et du maïs transgéniques, comme la lécithine, l’huile et la farine de soja, ou le sirop et la farine de maïs-, l’approbation du TTIP signifiera une augmentation des-dites importations, notamment des premières, y compris l’entrée d’OGM actuellement non autorisés par l’UE.

Il faut tenir compte du fait que la législation aux États-Unis est beaucoup plus permissive que celle de l’Europe, aussi bien en qui concerne le mode de culture que la commercialisation des Organismes génétiquement modifiés. Aux États-Unis par exemple, l’étiquette qui identifie un aliment comme génétiquement modifié, n’existe pas, contrairement à l’Europe, où malgré les limitations, les lois obligent théoriquement bien à cette identification. De plus, dans l’Union européenne, un seul aliment transgénique est cultivé à des fins commerciales : le maïs MON 810 de Monsanto, malgré l’impact environnemental négatif de celui-ci, qui contamine d’autres champs de maïs aussi bien conventionnel que biologique. 80% de sa production est réalisée en Aragon et en Catalogne, alors que la majeure partie des pays européens l’interdit. Aux États-Unis, au contraire, le nombre de cultures est beaucoup plus élevé. C’est pourquoi l’Europe est un gâteau alléchant pour les multinationales comme Monsanto, Syngenta, Bayer, Dupont... et le TTIP peut permettre que cela devienne une réalité.

Porc, bœuf et lait aux hormones

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